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Pocus
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Hofstadter's Law: "It always takes longer than you expect, even when you take into account Hofstadter's law."

Massassa

Thu Jun 29, 2006 7:25 pm

Toutes mes félicitations à Moustic !! Il mérite amplement les remerciements de la communauté...

Robin
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Thu Sep 07, 2006 7:50 am

Faudrait une petit mise en forme en PDF et le mettre dans un prochain patch !

Les AAR de Markshot dans CoTA sont parmi les docs les plus sympas dans ce jeu...
"Le laid ne fera jamais vendre..."
Raymond Loewy (un graphiste français un petit peu plus connu que moi... :sourcil:
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moustic
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PDF ou HTML ?

Wed Sep 20, 2006 6:33 pm

Robin wrote:Faudrait une petit mise en forme en PDF et le mettre dans un prochain patch !

Le PDF, pourquoi pas ! Mais je suis en train de découper le fichier (250 fiches, 5 Chronologies, et quelques sous menus) pour faciliter la lecture...
Je débute et j'utilise pour le moment Nvu. Aussi un répertoire avec le tout en HTML me parait plus judicieux.
Il faut dire qu’à l’origine le fichier Word fait 30Go. Le passage en Html le réduit de belle manière, mais n’améliore pas la stabilité et l'évoution du fichier.

Encore une fois, je débute ! Aussi s’il y a des bons conseils, je suis preneur…

Robin wrote:Les AAR de Markshot dans CoTA sont parmi les docs les plus sympas dans ce jeu...

A suivre avec Markshot pour ce sujet.
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moustic
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nouvelle pagination pour BIO-BOA

Wed Sep 27, 2006 3:15 pm

Des nouvelles du coté des bénévoles...

Quelques évolutions pour le fichier BIO-BOA
- Un découpage par acteur permettant un chargement et une maintenance du fichier BIO-BOA plus facile.
- Une nouvelle présentation de la fiche : Ici un certain Dearborn, présent en image (dessin de Sandra) dans le patch 1.9.
- Une chronologie de la guerre de sept ans, revisité par Itc Taplett et ses deux fichiers batailles inclus dans la révision 1.2 (toujours en gestation).
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moustic
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Wed Nov 29, 2006 4:32 pm

Bientôt en re-lecture dans le fichier BIO-BOA version 2.0 (HTML)

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moustic
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Charles Deschamps de Boisébert et de Raffetot

Thu Dec 21, 2006 1:18 pm

Charles Deschamps de Boisébert et de Raffetot
(1727, Québec, Nouvelle-France, +1797, Raffelot, près de Rouen, France)
Officier dans les troupes de la Marine

[SIZE="1"]En 1739, il commence sa carrière militaire dans les cadets.
En 1742, il est dans la garnison de Québec comme sous-aide-major.
En 1744 et 1745, il participe, à plusieurs expéditions aux frontières de la colonie de New York.
En 1746 et 1747, il accompagne Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay en Acadie. Il est blessé lors de la bataille de Grand-Pré, contre les troupes britanniques d'Arthur Noble.
En 1748, il est promu lieutenant. Et participe à une expédition punitive, de Pierre-Joseph Céloron de Blainville, contre les tribus Indiennes de Détroit.
En 1749, il est en Acadie pour négocier la frontière avec l’officier britannique John Rous. Il rétablit le fort Menagouèche (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick).
En 1752 et 1753, il est sous les ordres de Paul Marin de La Malgue, dans la vallée de l'Ohio, pour renforcer les positions françaises (fort de la Presqu’île et fort Le Boeuf).
En 1754, il commande le fort La Tour en Acadie. Qu'il brûle l'année suivante= après la prise du fort Beauséjour par Monckton. Il commence à cette période son arcelement des troupes britannique.

Guerre de sept ans
En 1755, il affronte un détachement britannique à Petitcodiac. Après trois heures d’une lutte acharnée, les Britanniques prirent la fuite, avec des pertes significatives, Boishébert, ne perdit qu'un seul homme et revint à la rivière Saint-Jean.
En 1756, il est promu capitaine et continu avec vigilance à protéger les établissements français sur la rivière Saint-Jean. Il tente même de reprendre le fort Monckton (ancien fort Gaspereau), mais celui-ci est brûler par l'ennemi.
En 1757, il établit son quartier général sur la rivière Miramichi et tente d’entretenir la résistance des Acadiens face aux Britanniques.
En 1758, il arrive trop tard à Louisbourg et ne peut empécher la prise de la forteresse par les Britanniques. Il est vite critiqué par Augustin de Boschenry de Drucour, qui souligne les conflits d'interêts de Boishébert.
En 1759, il est dans le corps de volontaires acadiens et participe à la défense de Québec ainsi qu'à la bataille décisive des plaines d’Abraham.
En 1760, après la chute du Canada, il retourne en France. Accusé d’avoir participé aux complots de l’intendant Bigot, il est emprisonné à la Bastille, puis acquitté après 15 mois d’emprisonnement.

En 1763, il participe à l’élaboration de projets visant à établir les Acadiens à Cayenne (Guyane française).
Il finit sa vie en france dans son domaine de Raffetot et perd en 1774 sa seigneurie canadienne de La Bouteillerie.[/size]

[CENTER][color="Red"]Ci-joint, La fiche pour le fichier BOA 1.2[/color]
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moustic
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mise a jour

Fri Jan 12, 2007 11:25 pm

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abner
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Mon Jan 15, 2007 7:44 am

AILLEBOUST, CHARLES-JOSEPH D’, officier dans les troupes de la Marine, lieutenant de roi, baptisé à Montréal le 5 décembre 1688, fils aîné de Pierre d’Ailleboust* d’ Argenteuil et de Marie-Louise Denys de La Ronde, décédé en France le 13 octobre 1761.

Charles-Joseph d’Ailleboust commence sa carrière militaire comme cadet dans les troupes de la Marine en Acadie. Pendant l’hiver de 1708–1709, il accompagne son père et son frère, Hector-Pierre d’Ailleboust de Saint-Vilmé, lors de l’expédition de Saint-Ovide [Monbeton] contre les forts de St John’s, Terre-Neuve. Puis il retourne en Acadie où il est nommé enseigne le 18 juillet 1710 et où il assiste à la reddition de Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) aux mains de Francis Nicholson*. De là il passe à Rochefort en France, puis à Québec où il arrive le 7 octobre 1711. Il est transféré à l’île Royale (île du Cap-Breton) en 1714, y devient lieutenant le 2 juillet 1720 et capitaine le 8 mai 1730. Au cours de ses premières années de service à l’île Royale, il se familiarise avec la routine de garnison, tant à Port-Toulouse (St Peters) qu’à Louisbourg. En 1730 il reçoit le commandement de l’une des deux compagnies de soldats qui arrivent de France.

En 1745, les troupes de la Nouvelle-Angleterre, sous le commandement de William Pepperrell, assiègent Louisbourg. Dès leur débarquement, d’Ailleboust est posté avec sa compagnie à la batterie de l’Îlot qui commande l’accès au port. Le 6 juin Samuel Waldo envoie quelque 400 miliciens de la Nouvelle-Angleterre avec mission de s’emparer de cette batterie et ainsi permettre à la flotte britannique d’entrer dans le port ; avec environ 180 hommes et une quarantaine de pièces d’artillerie, d’Ailleboust repousse les assaillants et les oblige à abandonner toute idée d’un coup de force de ce côté. Sa compagnie est relevée le 16 juin par celle de Michel de Gannes de Falaise qu’il remplace à la « Pièce de la Grave », à l’intérieur même de la forteresse. Quelques démêlés au sujet du commandement de la milice le mettent aux prises avec Pierre Morpain, capitaine du port, qui est démis de ses fonctions, malgré les protestations des canonniers et des miliciens. Le 27 juin, d’Ailleboust monte à bord du navire de l’amiral Peter Warren pour lui remettre l’acte de capitulation. Il demeure à Louisbourg, en tant que représentant du commissaire ordonnateur François Bigot*, pour surveiller le départ des derniers habitants et s’embarque sur un des derniers navires à destination de Rochefort. Il y reçoit la croix de Saint-Louis le 14 septembre 1745.

Chargé des troupes de l’île Royale, il prend leur commandement à bord des navires de l’escadre de La Jonquière [Taffanel] en 1747. À peine au large des côtes de France, l’escadre doit amener pavillon le 14 mai, après une lutte désespérée contre les navires des amiraux George Anson et Warren ; d’Ailleboust est fait prisonnier et conduit en Angleterre, mais il repasse en France la même année. Ce séjour est de courte durée cependant, puisque, l’année suivante, il s’embarque pour le Canada.

Le 23 juillet 1749 il retourne à Louisbourg – rétrocédée à la France en 1748 – en tant que lieutenant de roi et agit comme commandant à plusieurs reprises en l’absence du gouverneur. En 1753 et 1754, entre le départ de Jean-Louis de Raymond* et l’arrivée d’Augustin de Boschenry de Drucour il assume sans difficulté le poste de gouverneur intérimaire. Pendant cette période, Louisbourg a repris son rythme de croissance, interrompu brusquement de 1745 à 1749 ; le retour à la normale s’est effectué et il ne reste que des problèmes d’administration courante.

D’Ailleboust est nommé lieutenant de roi à Trois-Rivières le 1er avril 1754, mais il ne s’y rend que l’année suivante. Le 31 mars 1756 il accepte le même poste à Montréal et y demeure jusqu’à la capitulation, le 8 septembre 1760. À la fin de cette année ou au début de 1761, il retourne en France avec sa famille qu’il laisse en deuil le 13 octobre 1761. Sa carrière militaire a été longue et bien remplie ; son expérience et son ancienneté l’ont conduit au poste de lieutenant de roi, mais son manque d’originalité et d’esprit d’initiative expliquent peut-être qu’il n’ait jamais pu accéder au poste de gouverneur de l’île Royale qu’il réclamait depuis 1748.

D’Ailleboust ne semble pas avoir eu trop de soucis financiers. Ses appointements de lieutenant de roi lui ont procuré un revenu annuel de 1 888ª ; le roi, qui lui avait déjà accordé une gratification de 600ª en 1746, de 1 500ª en 1747, ajoute une annuité de 800ª à partir de 1750 et l’augmente à 1 000ª vers 1756. En plus, il avait des intérêts secondaires dans la pêche, dans l’affrètement d’un navire, et dans la fourniture de matériaux de construction pour les fortifications de Louisbourg et de divers articles pour le service des troupes. Il possédait aussi quelques propriétés dans la même ville.

D’Ailleboust avait épousé le 16 janvier 1729 à Louisbourg Marie-Josephte Bertrand, veuve de Gabriel Rousseau de Villejouin, dont il eut trois enfants. Elle mourut entre 1745 et 1749, et le 23 janvier 1758 il épousa en secondes noces à Trois-Rivières Françoise-Charlotte, fille de Charles Alavoine, qui donnera naissance à deux fils.

abner
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Mon Jan 15, 2007 8:07 am

ALQUIER (Dalquier) DE SERVIAN, JEAN D’, officier dans les troupes régulières, circa 1710–1761.

Jean d’Alquier de Servian, officier âgé de plus de 60 ans, s’embarquait à Brest pour la Nouvelle-France en avril 1755. Sa carrière dans les troupes de terre était longue de plusieurs années déjà : en 1710, il avait été nommé lieutenant, en 1734, capitaine et, en 1748, capitaine de grenadiers (compagnie d’élite dans un bataillon). À son arrivée au Canada, il portait ce titre et faisait partie du 2e bataillon de Béarn ; il était de surcroît chevalier de Saint-Louis.

D’Alquier participa à plusieurs combats avec son bataillon. Le marquis de Montcalm qui tenait cet officier en haute estime trouvait son zèle tout à fait louable bien que parfois déplacé pour un homme de son âge. D’Alquier était, selon Lévis*, l’un des plus vieux soldats au Canada à cette période. Le 4 novembre 1757 il fut promu lieutenant-colonel et reçut le commandement du 2e bataillon de Béarn. D’Alquier s’illustra de façon particulière à la bataille du 13 septembre 1759, où, d’ailleurs, il fut blessé ; le même jour, il assistait au conseil de guerre, présidé par le gouverneur général Pierre de Rigaud* de Vaudreuil, qui décida de la stratégie de retraite pour l’armée française. D’Alquier renouvela ses exploits à la bataille de Sainte-Foy, le 28 avril 1760. Succédant à Bourlamaque, il assuma le commandement de l’aile gauche et, durant la bataille, il contrevint à un ordre de retraite venant de Lévis. Il réussit à conserver aux Français le moulin de Dumont, point stratégique situé sur le chemin Sainte-Foy. Après plusieurs heures de combat contre les soldats du major John Dalling et après que les belligérants eurent tour à tour occupé le moulin, il réussit dans une dernière contre-attaque à la baïonnette à y déloger définitivement les Highlanders. D’Alquier fut une fois de plus blessé et on le conduisit à l’Hôpital Général, situé hors des murs de Québec. Le 16 mai, Lévis leva le siège de la ville, commencé depuis le 28 avril, et d’Alquier demeura à l’hôpital, devenant prisonnier des Anglais qui prenaient le contrôle de l’édifice. Il retrouva sa liberté après la capitulation de Montréal signée le 8 septembre 1760 et s’embarqua pour la France le 20 octobre suivant.

Le roi reconnut les mérites de cet officier et lui accorda le 10 février 1761 une pension supplémentaire de 400ª sur le trésor royal. D’Alquier avait déjà obtenu en 1757 une pension de 400ª sur l’ordre de Saint-Louis et, le 12 février 1760, une gratification de 600ª. Nous ignorons la date de son décès.

abner
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Mon Jan 15, 2007 8:14 am

BEAUSSIER DE LISLE, LOUIS-JOSEPH, officier de marine, baptisé le 15 mars 1701 à Toulon, France, fils de Louis Beaussier, capitaine de port, et de Claire Portanier ; il épousa le 10 novembre 1757 à Brest Louise-Françoise Jouenne de Lorière dont il eut deux filles ; décédé au château de Mollien près de Brest le 4 juin 1765.

Louis-Joseph Beaussier de Lisle appartenait à une des plus anciennes familles de Toulon. Il commença à naviguer en 1716 sur des navires marchands au Levant et entra au service du roi en 1724 comme « jeune pilote » sur le Solide pour un voyage à Constantinople. Après avoir croisé au large de l’Afrique du Nord et au Levant, il fut nommé enseigne de port à Brest le 1er janvier 1732. Il participa à des campagnes dans les eaux européennes, puis il fut promu lieutenant de port le 1er mars 1739. Commandant la flûte le Chameau en 1744–1745, il effectua une campagne en Louisiane et à Saint-Domingue (île d’Haïti). En septembre 1746, on lui confia le commandement de la frégate la Subtile, avec mission d’escorter des convois sur les côtes de Bretagne et d’aller à la rencontre des débris de l’escadre du duc d’Anville [La Rochefoucauld] revenant de l’Acadie. Le 29 novembre, il rencontra au large de Port-Louis, France, deux escadres anglaises, échappa à l’une mais fut pris le 30 après une belle défense contre un vaisseau et une frégate. Il était de retour à Brest dès janvier 1747.

Nommé capitaine de vaisseau et capitaine de port le 1er janvier 1749 et chevalier de Saint-Louis le 30 mai 1750, Beaussier reçut en 1755 le commandement du vaisseau le Défenseur dans l’escadre du comte Dubois de La Motte [Cahideuc] chargée d’aller porter des secours au Canada et à Louisbourg, île Royale (Île du Cap-Breton). L’année suivante, il assurait avec succès la même mission à la tête d’une escadre de six bâtiments transportant le marquis de Montcalm et un renfort de 1 500 hommes à Québec. Il réussit, malgré l’escadre anglaise commandée par Charles Holmes qui tentait de lui barrer le passage, à entrer à Louisbourg le 26 juillet et en repartit le lendemain pour livrer combat avec le Héros à deux vaisseaux anglais qui durent s’éloigner après avoir été fort maltraités. Le second du bâtiment, Luc-Urbain Du Boëxic de Guichen, écrivit à Machault, ministre de la Marine : « ce combat fit un honneur infini à M. Beaussier ». Celui-ci regagna Brest en septembre en trompant encore une fois la vigilance des Anglais. Cette campagne, dont il s’était acquitté « de façon à mériter des éloges », lui valut une pension de 1 000ª et ses succès incitèrent le ministre à lui confier la même mission à la fin de 1757, mais une maladie le retint quelques mois. Il repartit donc, avec l’Entreprenant qu’il commandait et quatre autres vaisseaux, entra à Louisbourg et participa avec Augustin de Drucour [Boschenry] et Jean-Antoine Charry Desgouttes à la défense de la place. Beaussier fut fait prisonnier avec toute la garnison le 27 juillet 1758.

Après son retour en France le 23 février 1759, on confia à Beaussier la mission d’attaquer les côtes du Brésil, mais la signature des préliminaires de la paix firent annuler cette opération. En avril 1763, il reçut la mission de reprendre possession de la Martinique, de la Guadeloupe, et de Sainte-Lucie, rendues à la France par le traité de paix. Le 1er octobre 1764 il fut promu chef d’escadre. Doué d’une « intelligence singulière pour tout ce qui concerne les travaux du port et d’une application infatigable pour ce pénible détail », Beaussier fit également preuve en mer des plus brillantes qualités de manœuvrier et de combattant.

abner
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Mon Jan 15, 2007 8:29 am

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BONNE DE MISSÈGLE (Misèle), LOUIS DE, officier dans les troupes de la Marine, né probablement dans la paroisse Saint-Martin à Lavaur, France, vers 1717, fils de Louis-Joseph de Bonne de Missègle et de Marie de Villeneuve, décédé à Québec le 29 avril 1760.

Louis de Bonne de Missègle était capitaine réformé dans le régiment de Condé lorsqu’il vint au Canada, en août 1749, avec le gouverneur Taffanel de La Jonquière, son parent. D’abord capitaine des gardes du gouverneur, il fut nommé capitaine d’une compagnie en 1751. La Jonquière l’avait recommandé, mais sans succès, d’abord en 1750 pour le poste de major de Trois-Rivières, puis en 1751 pour le grade de major dans les troupes de la Marine. Fait chevalier de Saint-Louis le 1er janvier 1759, Louis de Bonne fut blessé lors de la bataille de Sainte-Foy, le 28 avril 1760 [V. Lévis*], et mourut le lendemain. Il fut inhumé le 30 avril dans le cimetière de l’Hôpital Général de Québec.


CÉLORON DE BLAINVILLE, PIERRE-JOSEPH, officier dans les troupes de la Marine, né le 29 décembre 1693 à Montréal, fils de Jean-Baptiste Céloron* de Blainville et d’Hélène Picoté de Belestre ; il épousa à Montréal Marie-Madeleine Blondeau le 30 décembre 1724 et, en secondes noces, Catherine Eury de La Pérelle le 13 octobre 1743 ; décédé à Montréal le 12 avril 1759.

Le grand-père de Pierre-Joseph Céloron de Blainville appartenait à la noblesse de robe et son père fut capitaine dans les troupes de la Marine. Pierre-Joseph entra aussi dans ce corps militaire en qualité de cadet à l’âge de 13 ans, en 1707. Il reçut une expectative d’enseigne en 1712 et, trois ans plus tard, il recevait le grade d’enseigne en pied. Il fut promu lieutenant en 1731, puis capitaine en 1738. Ce dernier grade lui fut accordé quelques mois après sa nomination au poste de commandant de Michillimakinac.

Lorsque Bienville [Le Moyne], gouverneur de la Louisiane, lança en 1739–1740 une vaste campagne contre les Chicachas, tribu amie des Anglais, Céloron commandait le détachement de l’Ouest formé de 200 Canadiens et de 300 Indiens qui descendit vers le sud pour participer à la lutte. C’est grâce à l’assaut vigoureux mené par ses hommes que les Français purent échapper à la défaite et obtenir une paix négociée. En guise de récompense, on lui décerna la croix de Saint-Louis en 1741. L’année suivante, il fut transféré de Michillimakinac à Détroit afin d’en assumer le commandement. Les chefs des Outaouais à Michillimakinac firent part de la haute estime dans laquelle ils tenaient Céloron et exprimèrent le souhait que son successeur fût un officier de même calibre. Les commerçants qui faisaient la traite des fourrures à Détroit ne partagèrent pas cet avis. Ils prétendirent qu’il entravait l’exercice de leur commerce. Le gouverneur Beauharnois et l’intendant Hocquart* ajoutèrent foi à leurs doléances et Céloron fut retiré de Détroit en 1744 et affecté au fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.) en qualité de commandant. Encore là, il fut en butte aux récriminations des trafiquants, aussi le rappela-t-on à la fin de 1745.

Le gouverneur avait néanmoins confiance en sa compétence militaire et, au printemps de 1747, en pleine guerre, Céloron fut nommé commandant du fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.), qui était alors le bastion avancé des défenses de la colonie. Le printemps suivant il fallut dépêcher en toute hâte des renforts et des munitions pour mater un soulèvement des tribus de l’Ouest qui menaçaient de chasser les Français de leur région [V. Orontony] ; on confia le commandement de l’expédition à Céloron. Barrin de La Galissonière, successeur de Beauharnois, déclarera par la suite que les Indiens avaient été subjugués par l’attitude calme mais inflexible de Céloron.

La situation dans l’Ouest demeurait toutefois menaçante. Les trafiquants de la Pennsylvanie et de la Virginie avaient commencé à fonder des postes dans la vallée de l’Ohio et avaient conclu des alliances commerciales avec les tribus de la région. Les Indiens qui traitaient avec les Français étaient fortement tentés par les marchandises et l’eau-de-vie que les Anglais leur vendaient à bas prix. En outre, lors de la signature du traité d’Utrecht (1713), les Français avaient reconnu que les Iroquois étaient sujets anglais et maintenant les Anglais réclamaient le droit à la vallée de l’Ohio sous prétexte que cette région était territoire iroquois. Des spéculateurs fonciers de la Virginie et de la Pennsylvanie formaient des sociétés dans le but d’ouvrir la vallée de l’Ohio à la colonisation anglaise. Ces activités se révélaient une menace sérieuse, non seulement pour les communications entre le Canada et la Louisiane, mais pour la position elle-même des Français dans l’Ouest. Ceux-ci décidèrent donc d’envoyer une expédition à travers la vallée de l’Ohio pour revendiquer leurs droits sur la région, dresser une carte du parcours et chasser les trafiquants anglais. Céloron se vit confier le commandement de l’opération.

Il quitta Montréal le 15 juin 1749 avec un détachement de 213 hommes, composé de troupes de la Marine, de miliciens et de quelques Indiens. La route qu’ils empruntèrent les amena au lac Érié, en passant par Niagara ; ils suivirent la rive sud du lac jusqu’au portage Chatacouin (près de Westfield, N.Y.) puis ils prirent vers le sud jusqu’à la rivière Allegheny où Céloron enfouit la première d’une série de plaques de plomb gravées revendiquant le territoire comme propriété de la France et fixa à un arbre une autre plaque aux armes du roi. Plus bas sur l’Ohio, il fit la rencontre de petits groupes de commerçants anglais à qui il intima l’ordre de retourner d’où ils venaient. Il remit à un de ces groupes, à l’adresse du gouverneur de la Pennsylvanie, une lettre de protestation contre la violation du territoire français par des hommes qui relevaient de sa juridiction. Céloron fit la troublante découverte que les tribus des Tsonnontouans de la vallée de l’Ohio, des Chaouanons et des Miamis avaient épousé les intérêts des Anglais encore plus étroitement qu’on ne l’avait craint. Ses menaces ne firent pas plus d’effet que ses flatteries et certains Indiens manifestèrent ouvertement leur hostilité.

À la fin d’août, au moment où les approvisionnements commençaient à se faire rares, Céloron mit en terre la dernière de ses plaques de plomb à l’embouchure de la rivière à la Roche (rivière Great Miami, Ohio) et reprit la direction nord. Il atteignit le village du chef Miami Memeskia (La Demoiselle), le 13 septembre, et ce dernier lui fit comprendre sans ambiguïté que sa tribu ne romprait pas son alliance avec les Anglais. Après un court arrêt au fort des Miamis (vraisemblablement à Fort Wayne, Ind. ou tout près), poste avancé des Français au sud du lac Érié, Céloron et ses hommes reprirent le chemin du retour et ils atteignirent Montréal le 9 novembre. Il avait fallu 5 mois et 18 jours pour parcourir 3 000 milles à travers une région hostile et dont on ne possédait aucun relevé topographique. C’est un témoignage rendu aux dons de chef de Céloron que l’expédition n’ait entraîné la perte que d’un seul homme, lequel se noya lorsque son canot chavira dans des rapides. Le jésuite Joseph-Pierre de Bonnecamps*, aumônier et cartographe de l’expédition, loua hautement Céloron, disant de lui qu’il était « un homme fait pour commander ». Les renseignements alarmants qu’avait recueillis Céloron indiquaient clairement que les Français devraient agir avec détermination, sinon la vallée de l’Ohio était perdue pour eux, faute d’une action concertée. Il recommanda la construction d’une route militaire fortifiée qui relierait le lac Érié à la partie supérieure de l’Ohio, ajoutant que le coût en serait élevé.

Son rapport à peine soumis, Céloron fut envoyé de nouveau à Détroit en qualité de major du poste. En 1751, le gouverneur La Jonquière [Taffanel] lui donna l’ordre de rassembler une armée de Canadiens et d’Indiens alliés et d’aller anéantir les Miamis récalcitrants, mais Céloron s’y objecta, faisant valoir que dans l’éventualité d’un échec, la campagne aurait des conséquences désastreuses et, qu’en outre, il faudrait 1 800 hommes de troupe et de milice pour en assurer le succès. La Jonquière fut irrité de son refus d’obéir et fit tenir un rapport défavorable au ministre de la Marine. La conduite de Céloron en tant que commandant avait donné lieu à d’autres plaintes ; on lui reprochait son arrogance et son manque de jugement, même si par ailleurs il était incontestablement courageux et intelligent. Il avait apparemment plus d’aptitude pour l’action strictement militaire que pour l’administration civile. En 1753, après que Duquesne* eut été nommé gouverneur général, Céloron fut rappelé et on lui confia la fonction moins exigeante de major de Montréal. Duquesne déclara qu’il était « fort bon officier » mais qu’il était peu apte à s’occuper des « détails » de l’administration à Détroit.

On ne sait rien de la carrière ultérieure de Céloron. Il semble peu probable qu’il ait succombé à des blessures reçues au cours de la campagne de 1759, comme on l’a prétendu, puisque les opérations militaires de cette année-là ne débutèrent qu’en mai et que, de toute évidence, il mourut à Montréal le 12 avril. Il ne s’était pas enrichi au service du roi. Son fils, Pierre-Joseph, plusieurs fois blessé, rentra en France en 1760, avec le grade de capitaine, ne possédant rien de plus que sa demi-solde de 600ª. Après sa mort, sa femme entra chez les sœurs grises et demeura au Canada, sacrifiant ainsi la pension de 300ª que le roi lui avait octroyée.

abner
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Mon Jan 15, 2007 8:29 am

CHABERT DE JONCAIRE, PHILIPPE-THOMAS, appelé Nitachinon par les Iroquois, traiteur, officier dans les troupes de la Marine, agent auprès des Indiens et interprète, baptisé le 9 janvier 1707 à Montréal, fils de Louis-Thomas Chabert* de Joncaire et de Marie-Madeleine Le Gay de Beaulieu ; il épousa Madeleine Renaud Dubuisson le 23 juillet 173 l ; décédé vers 1766.

À dix ans, Philippe-Thomas Chabert de Joncaire alla demeurer chez les Tsonnontouans, probablement à Ganundasaga (près de Geneva, N.Y.) où, croit-on, le poste de traite de son père était situé. À partir de ce moment, jusqu’à la chute de la Nouvelle-France, il passa la plupart de son temps dans l’Ouest. En 1726, il entra dans les troupes de la Marine ; il devint enseigne en second en 1727 et fut promu capitaine en 1751, mais sa carrière fut celle d’un diplomate et non d’un soldat.

En 1735, il succéda à son père comme agent principal de la Nouvelle-France auprès des Iroquois. En cette qualité, il fut otage, trafiquant, interprète et agent diplomatique. Il devait fournir les articles de traite européens dont les Indiens étaient devenus dépendants. Il était obligé de calmer les Iroquois lorsque les Français ou leurs alliés indiens faisaient quelque chose d’inquiétant et d’apaiser les Français, lorsque les jeunes guerriers indiens, à l’encontre de la politique de la tribu, se livraient à une agression. L’hostilité envers les nations indiennes ennemies des Français devait être maintenue. Les interventions anglaises, comme par exemple la convocation à Chouaguen (Oswego), en décembre 1743, d’un guerrier représentant chaque village, requérait que l’on fasse parvenir un rapport au gouverneur. On eut besoin d’utiliser une certaine forme de persuasion pour que les Tsonnontouans continuent d’approvisionner le fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.) en gibier frais. Joncaire obtint un tel succès qu’en 1744 les Anglais avaient déjà offert une prime pour sa capture, mort ou vif. Le gouverneur George Clinton de la colonie de New York espérait, sans trop y croire, que les rumeurs étaient fondées à savoir qu’il était possible que Joncaire se mette au service des Anglais si on lui offrait de bonnes conditions.

Joncaire quitta son poste en 1748, alléguant son mauvais état de santé, et son frère Daniel* lui succéda. Son épouse était morte deux ans plus tôt, et il est possible qu’il ait désiré demeurer à Montréal pour prendre soin de leurs trois jeunes enfants, mais il fut bientôt rappelé à la frontière. En 1749, il devint interprète et conseiller pour l’expédition de Pierre-Joseph Céloron de Blainville dans la vallée de l’Ohio. Prenant les devants pour établir un premier contact avec les Chaouanons, les Delawares (Loups) et les Mingos, Joncaire échappa de justesse à la mort lorsqu’il fut capturé à Sonioto (Portsmouth, Ohio) par quelques Chaouanons qui craignaient que les Français ne fussent venus pour les anéantir. Il fut épargné grâce à l’intervention d’un Iroquois qui se trouvait là.

Quand les forces de Céloron se retirèrent, à l’automne, Joncaire les accompagna. En 1750, il revint dans cette région et fut posté à Chiningué (Logstown, aujourd’hui Ambridge, Penn.) avec 12 soldats, afin de préparer le terrain pour une occupation plus substantielle par les Français. Il rapporta que tous les Indiens favorisaient les commerçants de Pennsylvanie et de Virginie qui s’aventuraient dans la région, mais qu’il s’efforçait de l’emporter sur eux, grâce à des pots-de-vin, des menaces et des promesses. Lorsque Paul Marin de La Malgue arriva en 1753 pour construire une série de forts reliant le lac Érié et l’Ohio, plusieurs Delawares et Chaouanons, frappés de stupeur devant l’importance de l’armée française et désireux, peut-être, de voir l’influence des Iroquois mise en question dans la région contestée, se déclarèrent eux-mêmes en faveur de sa présence. Installé à Venango (Franklin, Penn.), jusqu’à 1755, Joncaire fut chargé de la délicate mission de conserver la clientèle des Chaouanons et des Delawares et de neutraliser l’opposition de Tanaghrisson, porte-parole des colons iroquois de l’Ohio, qui protestaient contre la construction de forts.

La crise qui allait mettre un point final aux 35 années de rivalité entre Joncaire et les Anglais pour gagner la fidélité des Iroquois commença en 1755. Remplacé à Venango par Michel Maray * de La Chauvignerie, Joncaire revint à Niagara au cours de l’été. Pendant cette période tendue, alors que quatre armées ennemies, chacune de son côté, s’approchaient des frontières de la Nouvelle-France, le gouverneur, Pierre de Rigaud* de Vaudreuil, désirait vivement connaître les sentiments des Iroquois. « [...] je fis parvenir mes ordres a M. de Joncaire l’aîné, rapporta-t-il, pour qu’il resta toujours avec eux, Il a couru de village en village et dans chaque village, il a trouvé des Emissaires du Colonel Johnson [William Johnson*], et de M. Shirley [William Shirley]. »

Quoiqu’il n’osât pas visiter les Onontagués, les Tuscarorens, ou les Onneiouts, de crainte d’une embuscade de la part des Anglais, de son poste chez les Tsonnontouans, Joncaire pouvait savoir ce qui se passait parmi les Iroquois et les mettre au courant de la politique française. Il les invita à envoyer des partis de guerre aider les Français ou, à défaut de cela, à observer rigoureusement la neutralité qu’ils s’étaient officiellement engagés à respecter ; il les prévint que si l’un d’eux écoutait sir William Johnson, le surintendant britannique des affaires indiennes, et se rangeait du côté de l’ennemi, leurs villages seraient dévastés par les nations des pays d’en haut. La destruction de Chouaguen par Montcalm en 1756 vint pour un temps mettre du poids aux paroles de Joncaire. En février 1757, 60 guerriers entonnèrent le chant de guerre à Niagara et en avril, le nombre de scalps d’Anglais que Joncaire leur avait payés s’élevait à 38.

En 1758, alors que les Indiens voyaient s’affirmer de plus en plus la puissance britannique, la cause française commença à décliner. Quelques Tsonnontouans demandèrent que les Anglais leur envoient un armurier – toujours une personne en mesure d’exercer une influence politique considérable. Le réseau d’informateurs de Joncaire négligea de donner l’alerte qui aurait pu empêcher le fort Frontenac (Kingston, Ont.) d’être pris par John Bradstreet* en août. En juin 1759, un parti d’Agniers, amis traditionnels des Anglais, s’aventurèrent dans le pays des Tsonnontouans et surprirent Joncaire à son poste de traite. Il put échapper à la mort en sautant par la fenêtre, mais son gendre, Honoré Dubois de La Milletière, fut fait prisonnier et un autre compagnon fut tué.

Joncaire se retira au fort Niagara et fut capturé lors de la prise du fort, en juillet. Le fait que les garnisons britanniques dans les postes de l’Ouest devinrent permanentes à la suite de la capitulation de Montréal en 1760 eut comme résultat que le travail de toute sa vie se trouva ruiné pour des raisons échappant à son influence et que la plus ancienne tradition diplomatique canadienne prit fin. Il gagna la France, où il fut fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis. On n’est pas sûr qu’il soit revenu au Canada, quoique, dans une lettre écrite le 9 novembre 1766 par le lieutenant-gouverneur Guy Carleton*, il est mentionné comme étant « maintenant décédé ».

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DAGNEAU DOUVILLE DE QUINDRE, LOUIS-CÉSAIRE, commerçant, colonel de milice, baptisé le 8 octobre 1704 à Sorel (Québec), fits de Michel Dagneau Douville et de Marie Lamy ; il épousa Françoise-Marie-Anne Picoté de Belestre, à Montréal, le 4 décembre 1736 ; inhumé à Détroit le 2 février 1767.

Dès 1727, Louis-Césaire Dagneau Douville de Quindre faisait du commerce chez les Miamis. À la fin des années 30, on le retrouve expédiant des canots à Michillimakinac et, en association avec Claude Marin de La Perrière, il prend à bail de Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye le poste lucratif de Michipicoton (près de Michipicoten Harbour, Ont.). Entre 1740 et 1742, il amena sa femme et ses enfants de Montréal au fort Saint-Joseph (probablement à Niles, Mich.) où, avec son associé, Marin, il se livra au commerce avec les Miamis et les Potéouatamis sur une vaste échelle.

Les deux associés transportèrent leurs opérations à Michillimakinac en 1747 et devinrent les principaux fournisseurs de la garnison de ce poste stratégique. Ce fut une année inquiétante pour les postes français car presque toutes les bandes indiennes de l’Ouest les menaçaient et complotaient leur extermination, et de Quindre crut plus sage de renvoyer sa femme à Montréal. À Détroit sévissait une révolte ouverte dirigée par Orontony, mais à Michillimakinac, l’action prompte et énergique du commandant, Jacques Legardeur de Saint-Pierre, sut maintenir la paix avec les Sauteux et les Outaouais du voisinage.

C’est vraisemblablement au début de l’été de 1749 que de Quindre alla se fixer à Detroit, où le poste avait été renforcé et où on encourageait les gens à s’établir. Selon madame Bégon [Rocbert], la famille de Quindre éprouvait alors des difficultés financières et madame de Quindre, privée de toute ressource, fut obligée de quitter Montréal pour aller retrouver son mari. Celui-ci commença alors à se livrer au commerce et devint un des plus importants pourvoyeurs de la garnison de Detroit. Au cours des quelques années qui suivirent, il fournit à la garnison un grand nombre de canots, des vêtements en abondance et d’énormes quantités de céréales. Les rapports qu’il établit avec le commandant, Pierre-Joseph Céloron de Blainville, amenèrent vraisemblablement ce dernier à s’arranger, en 1752, pour que l’île aux Cochons (Belle Isle), sur la rivière Détroit, fût concédée à de Quindre. Des habitants de Détroit élevèrent des protestations qui ne furent pas vaines ; ils soutinrent que l’île avait toujours été un pâturage commun. En 1753, le commandant fut en mesure de récompenser de Quindre en lui accordant la plus grande de 12 concessions de terres situées du côté ouest de la ville.

Céloron ne fut sans doute pas étranger à la nomination de de Quindre à la charge de colonel de la milice à Detroit, charge qui jouissait d’un grand prestige local. La milice qui, en 1755, comptait 220 hommes avait pour rôle d’aider en temps de crise les rares troupes de la Marine en garnison. En 1759, un détachement sous les ordres de Dagneau de Quindre apporta son concours à François-Marie Le Marchand de Lignery qui tenta, mais sans succès, de secourir le fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.) assiégé par sir William Johnson* à la tête d’Anglais et d’Indiens. De Quindre et son frère, le major Guillaume Dagneau Douville de Lamothe appartenant à la milice de Detroit, furent faits prisonniers. Lorsque Johnson se rendra à Detroit en 1761, les deux anciens prisonniers seront au nombre des invités qu’il recevra à sa table.

À la fin des hostilités, de Quindre se plia à la domination anglaise et ne prêta pas main-forte aux Indiens au cours du soulèvement de Pondiac en 1763. On dit qu’il aurait aidé la cause anglaise mais les preuves en sont minces. À sa mort, en 1767, il était l’un des plus riches habitants de l’endroit ; sa succession était estimée à 5 000ª. Même si on a tendance à considérer que Détroit était à l’époque un établissement de colonisation rudimentaire, l’inventaire des biens de de Quindre laisse supposer qu’il vivait très à l’aise. Plusieurs enfants lui survécurent ; l’un d’eux, Guillaume-François Dagneau de Quindre de La Picanier, devint, dit-on, officier dans l’armée anglaise.

FRANQUET, LOUIS, officier, ingénieur militaire, baptisé le 11 juin 1697 à Condé (Condé-sur-l’Escaut, France), fils de Jean-Baptiste Franquet et de Marie-Marguerite de Romby, décédé le 12 avril 1768 à Condé.

Louis Franquet reçut une commission dans l’armée à l’âge de 12 ans et, de 1709 à 1720, il servit dans les régiments d’infanterie de Franclieu, Miroménil et Piémont. Il fut admis dans le corps du génie en 1720 et servit en Europe avec distinction pendant les 30 années qui suivirent. Après avoir participé aux campagnes d’Italie de la guerre de la Succession de Pologne de 1733 à 1736, on le nomma, en 1738, ingénieur en chef à Condé. Trois ans plus tard on lui décernait la croix de Saint-Louis, et de 1742 à 1748 il prit part aux campagnes de la guerre de la Succession d’Autriche en Allemagne et aux Pays-Bas. Il fut promu lieutenant-colonel en 1747 et blessé la même année lors du siège de Bergen op Zoom (Pays-Bas). En 1750, au moment où il était ingénieur en chef à Saint-Omer, le directeur du bureau des fortifications, Noël de Régemortes, lui demanda de se rendre à l’île Royale (île du Cap-Breton) pour procéder à l’inspection des ouvrages de défense de la colonie et recommander les travaux qui s’imposaient pour rendre Louisbourg et les autres endroits en état de résister aux attaques. Il avait alors près de 53 ans.

Franquet traversa la même année à bord de la Mutine avec l’entente qu’il ferait une inspection, dresserait un rapport puis retournerait à ses fonctions en France ; en fait, il y demeurera huit ans. Il débarqua à Louisbourg le 9 août 1750 et se mit en frais d’examiner les constructions et les fortifications, de dresser des cartes, des plans et des coupes ; il se livra à des expériences pour déterminer la cause de la détérioration des charpentes. Il commença en octobre à faire parvenir des rapports préliminaires en France. Il visita le reste de l’île Royale en 1751, de même que l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), Baie-Verte et le fort Beauséjour (N.-B.) ; il exécuta bon nombre de plans et rédigea des rapports détaillés sur les fortifications de Louisbourg, recommandant les travaux indispensables. Il fut promu au grade de colonel la même année. Son affectation ayant été modifiée, il visita le Canada au cours de 1752 et 1753, procédant à l’inspection des fortifications et des constructions à Québec, Trois-Rivières, Montréal et autres villages ou forts ; il en profita pour observer toutes les facettes de la vie au Canada. Il s’embarqua pour la France à l’automne de 1753 et retourna à Louisbourg au printemps suivant, non en qualité de commandant, comme il l’avait demandé, mais avec le grade de brigadier, le titre de directeur des fortifications pour l’ensemble de la Nouvelle-France et une pension spéciale pour ses services dans la colonie.

Il consacra les quatre années qui suivirent à mettre Louisbourg en état de résister à l’attaque qu’on redoutait de la part des Anglais ; ses plans furent envoyés en France pour approbation. Il répara et reconstruisit les fortifications, pourvut au logement des bataillons de l’armée régulière française venus renforcer la garnison et dirigea les ingénieurs qu’on avait envoyés pour l’assister dans son travail. Franquet bénéficia jusqu’en 1753 de la collaboration de Pierre-Jérôme Boucher, dont la mort survenue cette année-là fut pour lui une grande perte. La cour lui avait envoyé, en 1752, Breçon, membre du corps du génie sans grande expérience mais fortement appuyé en haut lieu. Celui-ci retourna en France en 1754, de même que ses fils qui lui servaient d’adjoints ; ils laissèrent derrière eux une impression de médiocrité. Deux officiers compétents et expérimentés débarquèrent en 1755 : François-Claude-Victor Grillot de Poilly et Nicolas Sarrebource* de Pontleroy. Ce dernier, sur la recommandation de Franquet, succéda à Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry au poste d’ingénieur en chef pour le Canada en 1757 et quitta Louisbourg en septembre de la même année. Grillot demeura avec Franquet jusqu’à la chute de Louisbourg, en 1758, de même que Michel de Couagne* (fils de Jean-Baptiste de Couagne*) et deux autres ingénieurs.

La plus importante tâche confiée à Franquet fut, sans conteste, la défense de Louisbourg. Il n’est pas aisé de juger du mérite des mesures qu’il recommanda et qu’il entreprit, étant donné que l’issue fut décidée, en définitive, non par la défense classique qu’offraient les fortifications permanentes, à la manière européenne, mais bien par la puissance navale. Jean-Louis de Raymond*, gouverneur de l’île Royale de 1751 à 1753, favorisait la construction d’un grand nombre de redoutes le long de la côte. Il est curieux qu’un officier de carrière dans l’armée régulière et sans expérience de la guerre coloniale ait préconisé qu’on s’appuie largement sur des fortifications passagères, un mode de défense beaucoup plus courant en Amérique du Nord que les ouvrages de maçonnerie à caractère permanent, mais Raymond craignait un débarquement inopiné des Anglais à n’importe quel endroit propice de l’île et il voulait être en mesure d’y faire face, où que ce soit, de manière à tenir l’ennemi éloigné de la forteresse aussi longtemps que possible. Franquet s’y opposa vigoureusement, alléguant que ce système constituait un gaspillage inutile d’argent, de travail et de soldats. Il insista pour qu’on renforce la forteresse, en y ajoutant quelques retranchements extérieurs dans le voisinage, et c’est son point de vue qui l’emporta. Raymond, une fois rappelé en France, s’employa à convaincre la cour de la justesse de ses vues mais sans y parvenir. Il est fort possible, cependant, que la mise en application de sa suggestion, avec quelques modifications, eût aidé à la défense plus que le plan de Franquet, et à un coût moindre.

J. S. McLennan a accusé Franquet d’inaction quant aux travaux de construction avant 1755. Mais là n’est pas la raison du peu qui a été fait : ce n’est qu’en 1754 que la cour décida de ne plus donner le travail à contrat mais d’en confier la direction à ses officiers. Franquet avait été en constants déplacements depuis 1751 et, jusqu’en 1755, il eut à faire face à une pénurie de collaborateurs compétents. La maladie dont parle McLennan et qu’il situe à cette période n’a probablement pas frappé Franquet avant 1758. Il est certain que le blocus effectué par les Anglais à partir de 1755 a contribué à stimuler les travaux mais en 1754 on avait déjà dépensé 108 500ª pour la construction en regard de 38 000ª seulement, l’année précédente. En 1755, la cour approuva des dépenses de 120 000ª pour les fortifications. Elle envoya deux bataillons de l’armée régulière que Franquet pouvait utiliser comme main d’œuvre et qu’il dut loger. Les officiers comptaient que leurs quartiers seraient meublés comme en France et les commandants de bataillon avaient droit à des maisons. Franquet perdit un temps précieux à tenter de satisfaire les exigences de ces officiers à qui on avait promis « qu’ils ne manqueraient de rien ». Il leur fournit pour plus de 8 000ª de meubles mais les officiers en réclamaient toujours davantage et leurs rapports avec Franquet se gâtèrent. Ces problèmes faisaient oublier les fortifications, si bien que les travaux urgents, tels que les plates-formes à canons, eurent la priorité sur la construction de nouvelles défenses permanentes. Néanmoins, Machault, ministre de la Marine, se montra satisfait des travaux accomplis en 1755. On consacra environ 267 000ª à la construction en 1756 et quelque 207 000ª en 1757. On répara ou transforma à peu près toutes les parties des fortifications et presque tous les bâtiments publics. Il est à remarquer que lorsque les Anglais mirent le siège devant Louisbourg en 1758, la disette de vivres amena les défenseurs à se rendre, bien avant que la forteresse ne soit conquise, malgré les brèches qui avaient entamé les murs.

En novembre 1757, Franquet prévoyait l’attaque anglaise pour le printemps suivant. Les demandes de renforts qu’il adressa à la cour ne furent satisfaites qu’à demi. Avec ses ingénieurs, il avait consacré beaucoup de temps et de ressources à la construction de fortifications passagères, qui avaient pour but d’empêcher les débarquements. Le long de la côte, à l’est et à l’ouest de Louisbourg, on construisit des batteries et des tranchées aux endroits suivants : Pointe à la Croix (Lighthouse Point), l’anse à Gautier (Landing Cove), l’anse du Grand Lorembec (Big Lorraine), Pointe Platte (Simon Point) et l’anse de la Cormorandière (Kennington Cove). Ces fortifications passagères ne furent pas particulièrement efficaces lorsqu’il s’agit de retarder l’avance ennemie lors du débarquement, en juin 1758, mais ce n’était pas tellement leur construction qui était en faute mais bien la façon dont on organisa la défense. L’île était déjà assiégée lorsque la santé de Franquet fut « dérangée par l’escorbut, et une menace d’hydropisie accompagnée de fièvre double tierce, depuis plus de deux mois ». Il avait les jambes tellement enflées qu’il pouvait à peine bouger ; cependant il écrivait à ce sujet : « je me porte [...] a toutes les allertes au chemin couvert et sur le rempart, et je conduis les Ingénieurs dans ma chambre, pour tous les ouvrages que l’on imagine tous les jours a la défense de la place ». De l’avis de certains, sa maladie l’affaiblissait beaucoup plus qu’il voulut bien le reconnaître. Grillot de Poilly écrivait : « le chef du Génie étoit homme de guerre aimant le bien, toutes ses actions étoient portées a cela, honnette homme et bon Citoyen ; mais malheureusement une maladie qui le minoit avoit tellement affoibli la machine, que l’on ne retrouvoit plus l’homme en lui, il n’avoit que des momens ».

Le 24 juillet 1758, l’état des défenses de Louisbourg était tel que certains officiers se prononcèrent en faveur d’une capitulation honorable tandis que d’autres voulaient résister jusqu’au bout. Ce jour-là, le gouverneur, Drucour [Boschenry], Franquet et Mathieu-Henri Marchant* de La Houlière, commandant des troupes de terre, procédèrent à l’inspection des fortifications. Seul Franquet refusa de croire que les murs aient été ébréchés au point de permettre à l’ennemi de livrer un assaut en masse. Dans un rapport au gouverneur, le lendemain, il soutint qu’il fallait que l’ennemi s’empare du chemin couvert avant qu’il fût question de capituler ; fort de cette opinion, Drucour décida de poursuivre la résistance. Cependant, le soir du 25, l’ennemi avait réussi à pratiquer une brèche dans le chemin couvert et les fortifications continuèrent à perdre de leur efficacité défensive. En conséquence, on tint un conseil de guerre le 26 et on décida de demander aux Anglais leurs conditions. La dureté des exigences de Jeffery Amherst*, à savoir, la reddition sans les honneurs de la guerre, décida le conseil à poursuivre la lutte. Mais à la suite d’un véhément appel du commissaire ordonnateur, Jacques Prévost* de La Croix, en faveur de la population civile affamée et victime des bombardements, Drucour décida de se rendre. Des officiers mécontents déclarèrent qu’on aurait dû résister jusqu’au bout, une fois qu’on avait pris la décision, le 24 juillet, de ne pas demander une capitulation conditionnelle. Certains d’entre eux blâmèrent Franquet, parce que c’est son point de vue qui avait fait rejeter en premier lieu la proposition d’une capitulation avec des conditions plus honorables. Franquet rétorqua qu’il avait suivi les directives de la couren constant accord avec Drucour et que dès que sa pénible maladie lui avait laissé quelque répit, il avait analysé les problèmes et donné son avis au gouverneur.

Rentré en France en octobre, Franquet demeura, semble-t-il, inscrit au rôle du corps du génie pendant encore au moins deux ans mais ne paraît pas avoir été particulièrement actif pendant cette période. Il était inquiet à l’idée que les critiques à son sujet, particulièrement celles de Jean Mascle de Saint-Julhien, lieutenant-colonel dans le régiment d’Artois à Louisbourg, aient pu nuire à sa réputation à la cour. En 1759, il demanda de continuer à toucher la pension de 1 500ª qui lui était versée depuis 1754 par le ministère de la Marine, signalant que l’ardeur qu’il avait mise à accomplir son service, de même que son zèle à l’endroit du ministère avaient toujours été au-delà de la stricte exigence du devoir, quoi que ses « ennemis » aient pu dire. En 1761, il s’employait toujours à justifier sa conduite à Louisbourg. Il vécut vraisemblablement retiré à Condé, dans la maison familiale, jusqu’à ce que la mort le frappe à l’âge de 70 ans.

On se rappelle Franquet encore de nos jours particulièrement pour les rapports qu’il soumit en 1751, 1752 et 1753, pour ses nombreux plans et cartes et la part qu’il prit dans la construction du Louisbourg de la première époque. Les nombreuses lettres, riches en confidences, qu’il adressa à Régemortes sont d’une grande valeur historique tout comme les comptes rendus qu’il rédigea du deuxième siège de Louisbourg. On a publié en 1924 ses rapports touchant ses voyages de 1751 dans la région du golfe Saint-Laurent et, en 1889, ceux de la visite qu’il fit au Canada au cours de 1752 et 1753. Franquet était un observateur perspicace et ses constatations ne se limitèrent pas aux fortifications mais embrassèrent la situation économique, les ressources naturelles, la démographie et le caractère des gens. Ses écrits sont une utile introduction à l’étude de la société canadienne des années 1750. Ils sont si nombreux qu’il faut nous limiter ici à quelques-unes des observations qu’il livra.

Franquet était d’avis qu’à l’île Saint-Jean et au Canada l’agriculture pouvait être d’un plus grand rendement. Le sol était fertile et certaines régions étaient défrichées depuis plus de 150 ans. Le gouvernement devrait prendre des mesures pour stimuler davantage l’établissement sur des terres de culture ; une étroite surveillance de l’État pourrait enrayer les pratiques malhonnêtes de commerce ; il fallait réglementer les prix ; le rendement des récoltes et de la production devait être consigné avec exactitude à l’échelle paroissiale ; dans les années de récoltes abondantes, le gouvernement devrait prélever et entreposer du grain en prévision des années de disette.

Il croyait qu’aux forges du Saint-Maurice, où, disait-il, le fer était supérieur en qualité à celui de l’Espagne (un des grands pourvoyeurs de la France), on avait besoin d’un expert qui viendrait de France pour en prendre la direction. Il recommanda des méthodes de tenue de livres plus au point. Dans le domaine qui était le sien, Franquet chercha à amener à Louisbourg des briquetiers flamands, des chaufourniers qui sauraient utiliser le charbon de l’île Royale (jusque-là inexploité par les ouvriers de ces métiers) de même que des mineurs initiés au mode d’emploi d’outils spécialisés pour l’extraction des blocs de pierre des carrières.

Franquet s’intéressa tout particulièrement aux mœurs et coutumes des Indiens, des Acadiens et des Canadiens. La description qu’il fit des Indiens se limita en grande partie aux familles qui habitaient des villages à proximité des établissements français et dont la culture avait été plus ou moins modifiée par le contact avec les Français. Il parla en détail de leur aspect (y compris les vêtements), de leurs fêtes, de leurs danses et de leurs instruments de musique. Il écrivit au sujet des Acadiens que ceux-ci étaient assez robustes et en assez bonne santé pour se livrer au dur labeur de la terre mais qu’ils étaient paresseux et se contentaient de cultiver juste ce qu’il fallait pour leur subsistance. En matière de religion, ils étaient dévôts jusqu’à la superstition. Quant aux Canadiens, ils se distinguaient par leur esprit d’indépendance et leur opiniâtreté. À peu près tout le monde était marié (écrivait le célibataire de 55 ans), qu’on en ait ou non les moyens, et chacun ou a peu près possédait son cheval, situation pratiquement inexistante en France. On aimait bien donner des réceptions somptueuses, et pas seulement à la table de François Bigot* ; même le gouverneur de Trois-Rivières était en mesure de recevoir d’une manière digne des « meilleures provinces de France ». L’éducation que les filles recevaient des religieuses leur donnait des « airs » tout à fait incompatibles avec la vie « paysanne » qu’elles étaient appelées à mener. Il était révoltant de constater que les officiers plaçaient généralement leurs intérêts commerciaux avant le service du roi.

Malgré l’intérêt historique certain qu’offrent ces réflexions, la cour n’y prêta que peu d’attention. On s’en remit toutefois à Franquet pour les questions qui relevaient de sa spécialité, à savoir le génie militaire. Dans une circonstance, sur un point de détail, il dut se soumettre aux stratèges Barrin de La Galissonière et Adrien-Maurice de Noailles, mais son point de vue l’emportait toujours sur des hommes comme le comte de Raymond et Chaussegros de Léry. Ces deux derniers, de même que Saint-Julhien et d’autres officiers qui participèrent à la défense de Louisbourg lors du deuxième siège, semblent ne pas avoir aimé Franquet, mais Drucour et Prévost n’eurent que des éloges pour son esprit de coopération. Drucour écrivit en 1755 : « Il est bien satisfaisant pour moy de voir à la tête des travaux de cette Place une personne qui réunit comme luy les talens de son métier et l’union qui doit régner pour les accellerer. » Franquet était clairvoyant en politique et savait cultiver les personnages de la cour. Dans les nombreuses lettres qu’il écrivit à Régemortes, il le priait toujours de le rappeler au bon souvenir de sa famille qu’il comblait de présents exotiques ; il ne se faisait jamais faute d’adresser des félicitations aux hauts fonctionnaires qui recevaient de l’avancement. Il avait compris à quel point l’influence était à la base de la politique de la monarchie française au XVIIIe siècle.

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Mon Jan 15, 2007 8:32 am

GAULTIER DE LA VÉRENDRYE, LOUIS-JOSEPH (porte le plus souvent le prénom de Joseph, appelé le chevalier à partir de 1736), explorateur, traiteur, officier, né à l’île aux Vaches, sur le lac Saint-Pierre (Québec), le 9 novembre 1717, quatrième fils de Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye et de Marie-Anne Dandonneau Du Sablé ; il périt lors du naufrage de l’Auguste le 15 novembre 1761.

L’enfance de Louis-Joseph Gaultier de La Vérendrye est mal connue, mais il est permis de supposer qu’il reçut une instruction élémentaire convenable. En octobre 1734, son père l’envoya passer l’hiver à Québec « pour apprendre les mathématiques et à dessiner, afin qu’il soit en état de faire une carte juste des pays à explorer ». Par ailleurs, ses lettres et mémoires indiquent une assez bonne formation littéraire.

La préparation scientifique de Louis-Joseph ne dura guère plus de six mois. Dès le 18 avril 1735, il se trouvait à Montréal, occupé à préparer son départ pour l’Ouest et à recueillir des engagements à cet effet. Il partit le 21 juin ; son père et le jésuite Jean-Pierre Aulneau* étaient du voyage. Le groupe atteignit le fort Saint-Charles sur le lac des Bois (Lake of the Woods, Ont.) au mois d’octobre et s’y installa pour passer l’hiver.

La première année que Louis-Joseph passa dans l’Ouest fut marquée par deux épreuves : d’abord la mort de son cousin, Christophe Dufrost* de La Jemerais, décédé en mai 1736, puis, un mois plus tard, la mort de son frère aîné, Jean-Baptiste Gaultier* de La Vérendrye, tué par une bande de Sioux au lac des Bois. Le 14 septembre, Louis-Joseph fut envoyé par son père remettre en bon état le fort Maurepas qui avait été laissé à l’abandon après la mort de La Jemerais. C’est à l’occasion de cette mission que Louis-Joseph reçut de son père le titre de chevalier, avec la préséance sur ses frères. Louis-Joseph fut rejoint par son père au fort Maurepas le 27 février 1737 et assista au grand conseil tenu le 4 mars suivant avec les chefs cris et assiniboines. On peut supposer que la carte de l’Ouest datant de 1737, exécutée d’après les renseignements obtenus à cette occasion, a été dessinée par le chevalier et qu’elle reçut ensuite de l’ingénieur Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry sa forme définitive.

Quelques jours plus tard, Louis-Joseph fut envoyé en exploration au lac Ouinipigon (Winnipeg) ; mais la petite vérole, qui avait frappé les Cris de cette région, le força à revenir au fort Saint-Charles, où il fut de retour le 28 mai. Cependant, grâce à ses bons soins et à ses conseils d’hygiène, aucun des Cris qui l’accompagnaient ne fut atteint sérieusement par la maladie, alors que tous ceux qui se trouvaient au fort Maurepas en furent victimes.

Louis-Joseph prit le commandement intérimaire du fort Saint-Charles lorsque son père partit pour Montréal au début de juin 1737. Au retour de ce dernier, en août 1738, les deux explorateurs se mirent en route pour le pays des Mandanes, région qui correspond à peu près au Dakota du Nord actuel. Ils espéraient découvrir au cours de ce voyage la route de la mer de l’Ouest [V. Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye]. Lorsque l’expédition arriva chez les Mandanes, au début du mois de décembre, Louis-Joseph partit pour une courte exploration jusqu’au Missouri que son père croyait être la fameuse rivière de l’Ouest. Ayant atteint le but de leur expédition, les La Vérendrye décidèrent de retourner au fort La Reine (Portage-la-Prairie, Man.), qu’ils avaient construit au mois d’octobre précédent.

En avril 1739, Louis-Joseph fut chargé par son père de reprendre l’expédition interrompue en 1737 autour du lac Ouinipigon. Il avait pour mission de chercher un endroit au nord du lac des Prairies (lac Manitoba) pour y construire un fort que les Cris de cette région réclamaient, puis il devait visiter le pourtour du lac Winnipeg et pénétrer dans la rivière Blanche (partie inférieure de la rivière Saskatchewan). Le chevalier s’acquitta de sa mission et remonta cette rivière jusqu’à la fourche où se rencontraient les Cris à chaque printemps, probablement à quelques milles au nord-ouest du lac des Cèdres (Cedar Lake, Man.). Louis-Joseph revint ensuite au fort La Reine en passant par le sud du lac des Cèdres et les rivières Rouge et Assiniboine.

Au départ de son père pour Montréal en juin 1740, Louis-Joseph prit le commandement du fort Saint-Charles. Il resta en fonction jusqu’au mois de septembre de l’année suivante, puis il alla passer l’hiver de 1741–1742 au fort La Reine. Il s’y prépara à reprendre l’expédition dans le sud-ouest que son frère aîné, Pierre Gaultier de La Vérendrye, n’avait pu compléter l’année précédente, faute de guide.

Louis-Joseph partit le 29 avril 1742, accompagné de son frère, François Gaultier Du Tremblay, de deux Français et de quelques guides indiens. Le groupe se rendit d’abord chez les Mandanes, qui devaient les conduire vers une nation appelée Gens des Chevaux. En août ils étaient rendus à la « Montagne des Gens des Chevaux », probablement dans le nord-est de l’actuel Wyoming, mais ils ne trouvèrent personne. Peu après, le chevalier et ses compagnons rencontrèrent un groupe de Beaux-Hommes, puis des Petits-Renards et des « Pioyas ». L’expédition atteignit enfin un village de Gens des Chevaux qu’ils trouvèrent dans une désolation indescriptible, à la suite d’une attaque des Gens du Serpent lesquels les avaient partiellement anéantis. Les Gens des Chevaux engagèrent le chevalier à se rendre chez les Gens de l’Arc qui pouvaient mieux les renseigner qu’eux sur la route de la mer de l’Ouest. À la mi-novembre, les explorateurs arrivaient chez les Gens de l’Arc qui étaient en train d’organiser une coalition de nations et de clans pour faire la guerre à leurs redoutables ennemis, les Gens du Serpent. Louis-Joseph fut très bien reçu par eux, à tel point qu’il se vit, malgré lui, obligé de les suivre dans leur entreprise guerrière. Le 8 janvier 1743, l’important groupe des nations coalisées approchait des montagnes ; des éclaireurs furent envoyés dans la direction de l’ennemi et, après plusieurs jours de recherches, ils rapportèrent que les Gens du Serpent s’étaient enfuis. Craignant une attaque contre leurs villages abandonnés, les guerriers, pris de panique, quittèrent les montagnes dans une débandade générale, au grand désespoir du chef des Gens de l’Arc, qui ne put arriver à les retenir, et du chevalier, qui espérait apercevoir la mer par delà les montagnes. Tous retournèrent chez eux et le chevalier accompagna les Gens de l’Arc jusqu’à leur village. Au début de mars 1743, les Français prirent congé des Indiens, après avoir promis de revenir chez eux le printemps suivant. Non loin du village, le chevalier et ses hommes trouvèrent un campement de Gens de la Petite-Cerise, un clan de Panis-Arikaras. Ils suivirent ces Indiens jusqu’à leur fort, situé au confluent des rivières Bad et Missouri et en face de l’actuelle Pierre, capitale du Dakota du Sud. Ils arrivèrent à ce fort le 19 mars 1743 et y séjournèrent une quinzaine de jours.

Pour marquer son passage à cet endroit le chevalier de La Vérendrye enfouit sous terre, à l’insu des Indiens, une plaque de plomb portant sur un côté une inscription latine qui peut se traduire ainsi : « L’an 26 du règne de Louis XV. Pour le roi, très illustre seigneur. Par Monsieur le Marquis de Beauharnois [Charles de Beauharnois], 1741. Placé par Pierre Gaultier de Laverendrie ». L’autre côté, gravé sur place au canif ou au poinçon, portait les mots suivants : « Posé par le Chevalyer de Lave.— tblt [Tremblet ou Tremblay, titre officiel de François Gaultier] – Louy La Londette [peut-être Louis Lalonde] – Amiotte [Amiot ou Amyot]. Le 30 de mars 1743. » Il n’est pas possible d’identifier avec certitude les deux derniers personnages. Cette plaque, qui fut découverte en 1913, est un des monuments les plus précieux de l’histoire de l’Ouest.

Le 2 avril 1743, le chevalier quittait le fort des Gens de la Petite-Cerise pour gagner le fort La Reine, où l’expédition n’arriva que trois mois plus tard, après s’être arrêtée à maintes reprises dans les prairies, chez les Assiniboines et les Sioux. Louis-Joseph, qui avait été absent durant plus de 14 mois, n’apportait pas à son père les éclaircissements précis que celui-ci aurait désirés sur la mer de l’Ouest. Malgré cela, son expédition apportait des résultats positifs : elle avait augmenté considérablement les connaissances géographiques de l’époque, elle avait assuré aux Canadiens et aux Français l’amitié et la fidélité d’un grand nombre de nations indiennes ignorées jusqu’alors et elle avait jeté ainsi les bases d’opérations commerciales qui pourraient se révéler fort utiles plus tard. Par ailleurs, il s’avérait de plus en plus pour La Vérendrye (père), à la suite de cette expédition, qu’il ne fallait plus chercher vers le sud-ouest la route de la mer de l’Ouest, mais plutôt vers le nord-ouest où une autre route s’offrait, celle de la rivière Saskatchewan.

À l’automne de 1743, La Vérendrye, poussé par des circonstances malheureuses, dut présenter à Beauharnois sa démission pour l’année suivante comme commandant du poste de l’Ouest [V. Pierre Gaultier de Varennes et de la Vérendrye]. C’est Nicolas-Joseph de Noyelles de Fleurimont, neveu par alliance de l’explorateur, qui lui succéda en 1744. Les fils de La Vérendrye conservèrent provisoirement leur poste et le chevalier fit apparemment office de commandant jusqu’à l’arrivée de Noyelles dans l’Ouest l’année suivante.

En 1747, Louis-Joseph revint dans la colonie pour affaires, en compagnie de Noyelles qui avait démissionné de son poste. La guerre de la Succession d’Autriche battait son plein : le chevalier se fit confier par Charles-Joseph de Noyelles de Fleurimont, commandant intérimaire de Michillimakinac, des lettres destinées au gouverneur Beauharnois concernant les opérations militaires de cette région. Peu de temps après, le gouverneur renvoya Louis-Joseph à Michillimakinac comme porteur de ses ordres. Ce dernier s’attendait à continuer sa course vers l’Ouest, comme le prouve une procuration laissée à son cousin par alliance, Pierre Gamelin Maugras, mais il dut revenir à Montréal où il passa une partie de l’hiver.

De janvier à mars 1748, il prit part à une expédition militaire contre les Agniers, puis il se prépara à retourner dans l’Ouest. Son père avait été rappelé l’année précédente pour reprendre le poste de commandant mais c’est le chevalier qui devait remplir effectivement, quoique non officiellement, cette fonction. Il partit le 20 juin 1748, après la fin des hostilités, et arriva dans l’Ouest à l’automne. En 1749 il revint à Montréal où il apprit que le roi lui avait accordé, le 1er mai, une promotion bien méritée au grade modeste d’enseigne en second. Toutefois, cette année-là fut marquée par un triste événement : la mort de son père, survenue le 5 décembre à la suite d’une « mauvaise fièvre ». Le chevalier tomba également malade, mais il put se remettre assez rapidement. À la fin du mois de décembre, il s’occupa des formalités concernant la succession de son père et fit faire l’inventaire après décès.

Le chevalier s’attendait à succéder à son père dans l’Ouest, mais François Bigot* et sa bande avaient commencé leurs agissements, auxquels le gouverneur La Jonquière [Taffanel] n’était pas étranger, et les La Vérendrye furent éliminés de l’Ouest par la nomination de Jacques Legardeur de Saint-Pierre comme commandant. Louis-Joseph obtint avec peine, le 17 avril 1750, la permission de se rendre à Michillimakinac, puis au Grand Portage (près de l’actuel Grand Portage, Minn.), à la rencontre des canots en provenance de l’Ouest, pour liquider les affaires de son père. Afin d’arriver à payer les dettes les plus criantes, il dut se résigner, le l5 juillet 1750, à vendre la dernière terre que sa mère possédait à l’île Dupas, dans le lac Saint-Pierre. Dans un émouvant mémoire adressé au ministre le 30 septembre, il demandait réparation de ce qu’il considérait comme des injustices et exposait sa triste situation et celle de ses frères, mais il attendit en vain une réponse.

Au début de l’année 1752, le chevalier se lança de nouveau dans le commerce des fourrures : le 18 février, il entrait en société avec Luc de La Corne*, dit La Corne Saint-Luc, pour exploiter pendant trois ans le poste de Chagouamigon (Ashland, Wisc.). La Corne devenait « équipeur », Louis-Joseph, commandant du poste, et son jeune frère, François Gaultier Du Tremblay, s’engageait à travailler pour eux à titre d’interprète. Durant son séjour à Chagouamigon, le chevalier eut une contestation assez vive avec Joseph Marin* de La Malgue, commandant à Baie-des-Puants (Green Bay, Wisc.). Ce dernier avait juridiction sur l’ancien poste des Sioux, qui comprenait le haut Mississipi. Or le chevalier de La Vérendrye se rendit dans cette région au cours de l’hiver de 1752–1753, de même que l’hiver suivant, pour y faire du commerce avec les Indiens. Il affirmait avoir reçu des ordres du gouverneur Duquesne* à cet effet. Il avait même installé deux petits postes dans les territoires que Marin revendiquait comme siens et il avait osé confisquer des effets appartenant aux hommes de celui-ci, les menaçant de les mettre aux fers. Cette âpre contestation dura jusqu’en 1754 et fut portée devant le gouverneur Duquesne. Malheureusement la conclusion de l’affaire n’est pas connue. Il semble que le gouverneur ait réellement donné à Louis-Joseph le privilège de traite dans le territoire des Sioux, au détriment de Marin, à qui ce droit revenait en fait, et sans en avertir ce dernier ; mais il est impossible de dire ce qui poussa Duquesne à agir ainsi.

Le chevalier avait reçu le 1er avril 1753 le brevet d’enseigne en pied. Lorsqu’il revint à Montréal en 1755, il reprit sa place à ce titre dans la garnison. Le 17 novembre de cette année-là, il épousait Marie-Amable, fille de Jacques Testard* de Montigny, et entrait ainsi dans une des familles les plus considérables de la colonie. De ce mariage naquit le 7 novembre 1756 une fille qui ne vécut que quelques jours ; la mère mourut peu après.

L’année 1756 fut pour Louis-Joseph fertile en transactions de toutes sortes. Il lui fallait se procurer de l’argent liquide et régler des affaires ; mais le grand événement fut la nomination du chevalier comme commandant du poste de l’Ouest avec un mandat de trois ans, moyennant une mise de 8000ª.Le commerce de l’Ouest était en effet devenu libre en 1756 et le poste allait au plus offrant. Du 2 avril au 14 juin 1756, le chevalier engagea les hommes dont il aurait besoin. Le 13 juin, il donna une procuration à sa femme pour gérer ses affaires pendant son absence. Pourtant, malgré toutes ces démarches, il demeura à Montréal, peut-être en raison des nécessités de la guerre. De toute façon, Louis-Joseph conserva son poste de commandant, opérant à distance pendant deux ans. Nommé lieutenant le 1er mai 1757, le chevalier demeura à Montréal et, le 31 janvier 1758, il convola en secondes noces avec Louise-Antoinette de Mézières de Lépervanche.

Cette même année, il laissa à Charles-René Dejordy de Villebon son poste dans l’Ouest et se vit octroyer de nouveau le commandement à Chagouamigon qu’il confia à Jacques-Marie Nolan Lamarque, pendant que lui-même s’occupait de Kaministiquia et de Michipicoton (situés respectivement sur la rive nord-ouest et nord-est du lac Supérieur) à la place de Joseph de Fleury Deschambault. Au lac Supérieur, le chevalier fut utile à cause de sa grande emprise sur les nations indiennes. Mais, précisément pour cette raison, il ne compléta pas son mandat à Chagouamigon : ses services furent réclamés sur un autre théâtre. À la fin du mois de juin et au début de juillet 1759, il conduisit de Michillimakinac à Montréal des groupes de huit nations indiennes qui devaient aider à la défense du lac Champlain. Au mois d’août, Louis-Joseph fit parvenir à Bourlamaque un plan des postes militaires à établir dans cette région, lequel fut reconnu comme très convenable par les autorités. Nous ignorons toutefois si ses suggestions furent mises en application.

Après la cessation des hostilités, le chevalier fit part de son intention de rester au Canada, comme nous l’apprennent plusieurs listes militaires de 1760. Il se prépara cependant à faire un voyage en France, apparemment pour régler des affaires. Il s’embarqua à Québec le 15 octobre 1761 sur l’Auguste, mais un mois plus tard, le 15 novembre, le navire se brisait, lors d’une tempête, sur les côtes de l’Île du Cap-Breton. Le chevalier périt ainsi que la plupart des passagers et des membres d’équipage. La veuve de Louis-Joseph vécut assez misérablement, semble-t-il, et décéda à Montréal le 3 mars 1825.

Louis-Joseph Gaultier de La Vérendrye fut certainement le plus remarquable des enfants du grand découvreur. Énergique et volontaire comme son père, il était moins idéaliste et plus pratique peut-être, possédant une meilleure instruction et plus de savoir-faire dans le maniement des hommes et des choses. Homme d’une grande intégrité, il avait su s’attirer l’estime et la confiance de tous ses parents, amis et associés. Hormis les deux années de contestation qu’il eut avec Joseph Marin de La Malgue, jamais il ne s’engagea dans d’interminables disputes avec quiconque. Il poussa même l’honnêteté jusqu’à rembourser, lorsqu’il en eut les moyens, les vieilles dettes de son père, dont certaines remontaient à 40 ou même 60 ans. Les rapports commerciaux du chevalier avec ses associés, ses deux unions avec des familles importantes de Montréal, les éloges qu’il s’attira de la part des autorités militaires et les missions qu’on lui confia à partir de 1747, sans compter les années passées dans l’Ouest, tout cela laisse supposer un ensemble de qualités reconnues de tous. Il est dommage que le résultat de la guerre de Sept Ans et la fin tragique de cet homme aient interrompu prématurément une aussi belle carrière.

abner
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Mon Jan 15, 2007 8:34 am

GERVAISE, LOUIS (plus tard le nom de famille deviendra Gervais), propriétaire d’un moulin à scier, capitaine de milice, né le 12 avril 1708 à Montréal, fils de Charles Gervaise et de Marie Boyer ; épousa Marie-Madeleine Langlois le 18 février 1737 ; décédé le 5 février 1763 à Détroit.

Louis Gervaise, qui fut d’abord un « voyageur », quitta Montréal pour Détroit en 1740 et se lança dans l’industrie du bois. Son moulin à scier était situé dans la pinière en haut de la rivière Sainte-Claire (St Clair River), dans le voisinage de la ville actuelle de Port Huron, Mich. De là, les planches et les madriers étaient mis sur des radeaux que le courant acheminait sur une distance de 25 lieues jusqu’au fort de Détroit.

En 1749, Gervaise, Louis Plichon, dit Saint-Louis, et Pierre Dinan, dit Saint-Étienne, étaient au nombre des colons à qui le commandant Charles de Sabrevois* concéda des terres de trois arpents en bordure de ce qu’on appelait la rive sud. La terre de Gervaise se trouvait juste en bas de l’embouchure d’un cours d’eau maintenant disparu, le ruisseau de la Vieille Reine, à environ deux milles en aval de l’actuel pont Ambassador du côté de Windsor, Ont. Il se construisit immédiatement une maison avec dépendances, plus confortable que la moyenne, et on ne tarda pas à désigner le cours d’eau voisin sous le nom de rivière à Gervais. Le recensement de Détroit de 1760 mentionne Gervaise comme un citoyen à l’aise ayant deux esclaves et un engagé.

Gervaise occupait le poste de capitaine de milice dans la compagnie formée parmi les habitants du nouvel établissement agricole de la rive sud. Outre l’instruction militaire et le commandement des troupes, l’administration civile de la localité relevait aussi de sa charge de capitaine. Pendant la guerre de Sept Ans, la compagnie ne prit part à aucun engagement militaire mais resta sur place pour des motifs d’ordre défensif.

Après que les troupes anglaises eurent occupé Détroit, à la fin de novembre 1760, Louis Gervaise fut de nouveau nommé capitaine de milice, probablement par Donald Campbell. Deux ans et deux mois plus tard, il décédait à sa demeure et on l’inhuma à Détroit. Sa femme mourut à Détroit en octobre de la même année. Ses deux fils quittèrent Détroit en 1766 et se fixèrent dans la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue (Saint-Antoine-sur-Richelieu, Qué.).

GRILLOT DE POILLY, FRANÇOIS-CLAUDE-VICTOR, officier, ingénieur militaire, né le 15 mars 1726 à Fort Barraux, près de Grenoble, France, fils de Claude-Victor Grillot de Poilly, également officier du génie, décédé le 24 février 1761 à Göttingen dans l’électorat du Hanovre (République fédérale allemande).

François-Claude-Victor Grillot de Poilly servit dans l’artillerie de 1740 à 1743 ; il entra alors dans le génie. Après trois années de campagne passées à faire le siège de villes d’Italie (1745–1748), au cours desquelles il fut un certain temps prisonnier de guerre, il servit pendant sept ans aux forteresses de Grenoble, de Perpignan et de Bayonne. Il demanda alors un poste dans les colonies, et fut envoyé à l’île Royale (île du Cap-Breton) en 1755, pour servir sous les ordres de Louis Franquet. Il dirigea en partie, à Louisbourg, la réparation et la reconstruction de la forteresse et des bâtiments publics. Franquet, qui l’estimait beaucoup, recommanda par deux fois qu’on lui accorde la croix de l’ordre de Saint-Louis.

Poilly reçut l’ordre d’effectuer, en février et en mars 1757, un relevé topographique en vue de mettre à jour les cartes déjà existantes, de suggérer les améliorations nécessaires aux routes et de proposer des réparations aux fortifications et aux bâtiments publics. Il se déplaçait surtout en raquettes et, avec les hommes qui l’accompagnaient, il parcourut la plus grande partie de l’île, à l’exception toutefois du cap du Nord. Le journal de 12 pages qu’il tint de cette expédition donne de bons aperçus sur la topographie, les ressources existantes et l’usage qu’on en faisait, les routes, les constructions, et les habitants, fort dispersés, français ou micmaques. Ses observations le persuadèrent que ce que l’île pouvait offrir en matière d’agriculture, de bois de construction et de gibier pourrait être mieux exploité. Il fallait davantage d’habitants dans la vallée de la rivière Miré (Mira) pour en développer l’agriculture ; on devrait envoyer des bœufs dans la péninsule située entre le Bras du Nord-Est (East Bay) au sud et Petite Brador (St Andrew’s Channel) au nord, pour tirer la charrue et fournir l’engrais nécessaire à la culture de certaines céréales. Il faudrait équiper de nouvelles fermes sises près de Port-Dauphin (Englishtown, N.-É.) avec des charrues et leur fournir du bétail. Les Micmacs chassaient du gibier dont on pouvait utiliser les peaux, mais le marché de la fourrure n’était pas exploité. Les forêts étaient riches de nombreuses essences qui pouvaient servir à la construction, mais on manquait de scieries. Des raisons d’ordre économique et militaire rendaient indispensable l’amélioration des routes et des pistes. Il fallait aussi renforcer les ouvrages de défense de Port-Toulouse (Saint-Peters, N.-É.) et de Port Dauphin. Quant aux ports du grand lac de La Brador (Bras d’Or Lake) et du petit lac de La Brador (Great Bras d’Or), qui constituaient un excellent moyen de communication pour le commerce intérieur, ils pouvaient fournir un bon abri pour les navires qui fuyaient les maraudeurs anglais. Les observations de Poilly nous renseignent sur l’attitude du gouvernement français à l’endroit du développement économique de l’île Royale. Bien que la raison d’être de la colonie fût la pêche, le gouvernement aurait bien voulu voir l’économie se diversifier, à la condition qu’il n’en coûtât rien à l’État.

Poilly tint également un journal personnel des événements de 1758, depuis le Jour de l’An jusqu’à la reddition de Louisbourg à Jeffery Amherst* et à Edward Boscawen au mois de juillet. Après le siège, il ajouta à ces pages son évaluation de la défense de Louisbourg. Ce document, qui contient 127 feuillets et qui est accompagné d’une carte, traite avant tout du siège pendant lequel Poilly eut à diriger les réparations, la construction des ouvrages de défense et les reconnaissances destinées à inspecter les préparatifs d’attaque de l’ennemi.

Il parle également des principales activités des mois d’hiver. Les habitants de Louisbourg et la garnison donnèrent plusieurs bals et réceptions à l’occasion de mariages tandis que les premières escarmouches avaient lieu sur mer. Lorsque le Prudent, commandé par Jean-Antoine Charry Desgouttes, entra dans le port le 24 avril, les deux-tiers de l’équipage étaient malades. Les 50 recrues qu’amenait de France le bateau parurent à Poilly être le rebut de l’humanité. Le débarquement imminent des Anglais suscita des prières publiques et une procession du Saint-Sacrement, qui eut lieu par toute la ville le 1er juin. Lorsque le siège débuta, Poilly se rendit compte que les défenseurs de Louisbourg n’étaient pas prêts et n’avaient ni formé les plans nécessaires, ni accumulé l’équipement et les réserves voulues. Pareil manque de préparation était inexcusable, puisque depuis deux ans l’on s’attendait à l’attaque. Le gouverneur Drucour [Boschenry] était un bon officier, très loyal, mais peu fait pour commander une colonie assiégée. Franquet était en mauvaise santé ; Jean Mascle de Saint-Julhien était égoïste et jaloux, et ne mettait guère à profit sa vaste expérience. Le lieutenant de roi, Claude-Élisabeth Denys de Bonnaventure, « étoit un gros homme [...] ne pouvant quasi marcher, homme d’une grande ardeur pour le service mais sans tête, opiniatre et braillard à l’excès ». Quant à Desgouttes, il aurait pu se couvrir de gloire en sacrifiant son escadre, afin de détruire la flotte d’invasion dans la baie de Gabarus, mais il choisit de sauver ses bateaux à tout prix. À la vérité, Poilly trouve fort peu de bien à dire des officiers de marine.

Poilly fut fait prisonnier lors de la capitulation, puis relâché. Il revint alors en France, où il fut envoyé en garnison, dans le génie, à Thionville en 1759. Il reçut la croix de Saint-Louis en 1760 et mourut avant d’avoir pris sa retraite.

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Mon Jan 15, 2007 9:41 am


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Mon Jan 15, 2007 12:28 pm

KANON (Canon, Cannon), JACQUES, corsaire, officier de marine, circa 1756–1761.
http://groups.msn.com/JacquesKanon/bienvenue.msnw

Le premier document connu concernant Jacques Kanon date de l'automne 1756, alors qu'il commandait un corsaire dont l'armement avait été financé grâce à des intérêts privés de Dunkerque, en France. Au cours d'une croisière sur la Manche, il fit plusieurs captures, dont un navire ennemi beaucoup plus gros, ce qui lui valut d'être nommé par la suite lieutenant de frégate dans la marine. En janvier 1758, Kanon se trouvait capitaine de la frégate la Valeur, armée de 20 canons, lorsqu'il captura un corsaire anglais. En avril, ayant reçu l'ordre d'escorter trois vaisseaux qui transportaient du riz, du blé et de la farine en Nouvelle-France, il quitta Dunkerque avec une petite frégate, la Mignonne. La capture d'un vaisseau par les navires qu'il escortait, au nord du détroit de Belle-Isle, fut le seul événement de la traversée.

Il est impossible de savoir si Kanon connaissait François Bigot* et Joseph-Pierre Cadet* avant son arrivée à Québec. Quoi qu'il en soit, il eut tôt fait de gagner leur confiance. Engagé par Cadet en août, Kanon fut chargé de transmettre à ses agents de Bordeaux des instructions concernant des approvisionnements dont il avait besoin l'année suivante. En retour de ses services, Kanon devait recevoir 200ª par mois, 50 tonneaux d'espace gratuit sur le cargo et 2 1/2 p. cent du profit net découlant de la vente de toute capture saisie en route. Parti sans escorte de Québec vers la fin d'août, Kanon fit voile en direction de Bordeaux où les agents de Cadet commençaient à acheter et à louer des navires. Certaines difficultés empêchèrent un retour rapide en Nouvelle-France, mais finalement, le 25 mars 1759, 17 navires marchands lourdement chargés quittaient le port de Bordeaux. Cette flotte était dirigée par Kanon qui, entouré d'un équipage de 166 hommes, se trouvait à bord du Machault, navire de 26 canons, jaugeant 550 tonneaux, dont on venait de faire l'acquisition. Cette autre traversée de Kanon se déroula sans péripétie et passa inaperçue. La dernière semaine de mai, tous les navires de Cadet avaient gagné Québec sans accident. Ceux-ci, ainsi que deux frégates de la marine et une flûte commandée par Jean Vauquelin* furent les seuls navires à mouiller à Québec en 1759.

Vauquelin, qui s'était illustré à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), l'année précédente, avait un plus haut grade que Kanon, mais celui-ci, en qualité de premier capitaine de Cadet, ne manquait pas d'exercer une certaine influence dans les assemblées tenues à Québec. Au cours de l'attaque des Anglais, Kanon refusa de servir sous les ordres de Vauquelin et semble avoir agi à quelques reprises de façon à faire échouer certaines opérations dirigées contre les Anglais sur le fleuve, notamment une tentative pour capturer un navire de 50 canons et trois frégates en amont de la ville.

Après la chute de Québec, les Français retinrent leurs vaisseaux dans le haut Saint-Laurent, Kanon reçut l'ordre de conduire les navires marchands en France. Plusieurs s'échouèrent à leur départ, mais, le 25 novembre, Kanon passa à Québec et continua en aval du fleuve avec cinq navires. Leur traversée en France n'ayant pas été interrompue, Kanon jetait l'ancre à Brest le 23 décembre. Kanon devait apparemment conduire un second convoi en Nouvelle-France sous les ordres de Cadet, mais il abandonna le projet, sans doute après avoir appris à quel point la situation était précaire pour la marine française. Il retourna plutôt à Dunkerque, où des armateurs appareillèrent deux corsaires pour lui, en vue de l'envoyer à Saint-Domingue (île d'Haïti). La dernière référence à Kanon est de 1761, date à laquelle il dirige un navire corsaire en croisière pour quatre mois.

Jacques Kanon fut essentiellement un corsaire. Il était relié à la Nouvelle-France par un intérêt personnel qu'il sut orienter ailleurs après la chute de Québec.

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LA CORNE, LOUIS (Jean-Louis, Pierre, Louis-Luc, Louis-François) DE, dit le chevalier de La Corne, officier dans les troupes de la Marine, né le 6 juin 1703 au fort Frontenac (Kingston, Ont.), fils de Jean-Louis de La Corne* de Chaptes et de Marie Pécaudy de Contrecœur ; il reçut les cérémonies supplétives du baptême à Montréal le 21 juin 1704 ; décédé le 15 novembre 1761 au cours du naufrage de l’Auguste.

On a eu du mal à identifier Louis de La Corne, à cause de la diversité des noms qui lui furent attribués. Il est nommé « Louis » dans le registre qui fait état de son baptême par ondoiement en 1703 et dans son contrat de mariage en 1728, « Jean-Louis » dans un acte notarié daté de 1733, « Pierre » dans un document officiel en 1748 et simplement « le Chevalier de La Corne » dans la plupart des textes contemporains ; on l’appelle aussi « Louis-Luc » et « Louis-François » dans des documents de moindre importance.

La Corne entra dans l’armée et fut nommé enseigne en second en 1722, puis enseigne en pied en 1727. Le 21 janvier 1728, il épousa Marie-Anne Hubert de Lacroix. Durant les trois premières années de son mariage, La Corne montra du goût pour le commerce ; il avança plus de 21 500ª à des traiteurs qui se rendaient à Détroit, dans la région du lac Michigan et en Louisiane. En 1731, il administrait les intérêts qu’il possédait dans la traite des fourrures depuis sa maison de la rue Saint-Paul à Montréal, tout en occupant le poste d’aide-major des troupes. Il n’avait pas encore 30 ans.

La Corne fut fait lieutenant en 1738 et promu capitaine six ans plus tard. C’est en Acadie, en février 1747, qu’il participa pour la première fois à une opération militaire ; il fut nommé commandant en second d’un groupe de quelque 300 Canadiens et Indiens qui, sous la direction de Nicolas-Antoine Coulon de Villiers, devaient attaquer, pendant l’hiver, Arthur Noble et 500 hommes à Grand-Pré. Villiers ayant été blessé presque au début du combat, La Corne prit le commandement, et le colonel Noble, ainsi qu’un grand nombre d’ennemis, furent tués. Pour ce fait d’armes, La Corne obtint la croix de Saint-Louis qui lui fut décernée en mai 1749.

Entre temps, il était retourné à Montréal. Le 15 juin 1747, le gouverneur de Montréal, Josué Dubois Berthelot de Beaucours lui donna le commandement d’un détachement, avec mission d’intercepter un parti de guerriers indiens qui, selon la rumeur, se trouvaient dans la région. Un groupe d’Agniers, de Tsonnontouans et d’Onneiouts, accompagné de quelques Anglais et de Hollandais, fut attaqué par surprise, aux Cascades (près de l’île des Cascades, Québec), par une troupe commandée par Jacques Legardeur de Saint-Pierre et que La Corne avait placée en faction pour surveiller le fleuve durant la nuit. Le chef agnier, Theyanoguin, réussit à s’échapper, mais Karaghtadie et quelques autres guerriers furent faits prisonniers par les hommes de Saint-Pierre et ceux de La Corne accourus sur les lieux.

À la mi-octobre 1749, La Corne partit pour l’Acadie afin de faire prêter les serment d’allégeance, mettre sur pied des compagnies de milice et construire des fortifications à Chipoudy (Shepody, N.-B.), Memramcook et Petitcodiac (près de Hillsborough). Il arriva en novembre et commença à fortifier le secteur voisin du fort Beauséjour (près de Sackville) ; l’abbé Jean-Louis Le Loutre* persuada alors les Acadiens francophones d’aller se placer sous la protection de La Corne à l’ouest de la rivière Missaguash, qui tenait lieu de frontière provisoire. En avril 1750, le major Charles Lawrence fit son apparition devant le village de Beaubassin (près d’Amherst, N.-É.), que Le Loutre et ses alliés indiens avaient incendié de fond en comble. Devant la fermeté de La Corne, Lawrence n’eut d’autre choix que de se retirer. Il revint en septembre avec des renforts et entreprit des travaux de retranchement à l’est de la rivière Missaguash pendant que La Corne faisait le guet sur la rive ouest. Après avoir ainsi contraint son adversaire à l’immobilité pendant un mois, La Corne fut rappelé d’Acadie et remplacé par Pierre-Roch de Saint-Ours* Deschaillons.

En 1752, vraisemblablement, La Corne succéda à Jacques Legardeur de Saint-Pierre comme commandant du poste de l’Ouest pour un mandat de trois ans. Il embaucha 57 hommes et se mit en route au mois de juin 1753, laissant son jeune frère Luc de La Corne*, dit La Corne Saint-Luc, pour trouver les autres engagés nécessaires. Le 7 août, Saint-Pierre le mit au courant de la situation dans l’Ouest, aux Petites Écores, au nord du lac Supérieur. Pendant son séjour au poste de l’Ouest, La Corne rénova le fort Paskoya (Le Pas, Man.). Il se rendit plus loin dans l’ouest que ses prédécesseurs, érigea le fort Saint-Louis (Fort-à-la-Corne, Sask.), non loin des fourches de la rivière Saskatchewan, ensemença plusieurs acres de grain et explora la vallée de la rivière Carotte (Carrot). Il fut peut-être un des Français dont Anthony Henday fit la connaissance et qu’il trouva en train de s’enrichir en faisant la traite avec les Indiens.

En juillet 1755, La Corne était de retour dans la colonie et, à la tête d’une troupe de 500 hommes, il harcelait les Anglais au portage situé entre le lac Champlain et le lac Saint-Sacrement (lac George). Pendant les cinq années qui suivirent, il commanda une patrouille mobile de 1 000 à 2 000 hommes, en bordure de la voie navigable de Montréal au lac Ontario. En 1757, le gouverneur Rigaud* de Vaudreuil proposa que le poste de chef de bataillon des troupes de la Marine, avec grade, honneurs et solde d’un commandant de bataillon d’armée en France, fût créé et attribué à La Corne, mais cette suggestion n’eut pas de suite.

En 1759, l’étau des troupes anglaises se resserrait de plus en plus à l’est et à l’ouest. En juin, La Corne se vit confier l’importante tâche de déloger les Anglais qui, sous la direction du colonel Frederick Haldimand*, venaient tout juste de commencer à fortifier le fort Chouaguen (Oswego). Il les attaqua par surprise mais ne profita pas suffisamment de son avantage, et cet insuccès contribua à permettre aux Anglais de pénétrer par le Saint-Laurent. Le seul obstacle qui pouvait maintenant empêcher l’ennemi de marcher sur Montréal était le fort de La Présentation (Ogdensburg, N.Y.). En avril 1760, La Corne fut blessé alors qu’il commandait un bataillon au cours de l’offensive menée par Lévis* à Sainte-Foy. Quatre mois plus tard, il était sur le Saint-Laurent, surveillant les mouvements de la flotte de Jeffery Amherst* qui descendait le fleuve : en août, lorsque le fort Lévis, situé sur l’île aux Galops (à l’est de Prescott, Ont.), capitula, La Corne battit en retraite vers les rapides des Cèdres. La reddition de la colonie n’était plus maintenant qu’une question de temps. Le 8 septembre 1760, Montréal tombait aux mains des Anglais.

La Corne décida de gagner la France. Il s’embarqua à Québec le 15 octobre 1761, mais périt noyé avec trois de ses parents quand l’Auguste coula le mois suivant au large des côtes de l’île du Cap-Breton. La branche « Louis » de la famille La Corne s’éteignit avec la mort de sa femme à Repentigny (Québec) en 1768, à l’âge de 91 ans.

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LATOUCHE MacCARTHY, CHARLES, officier de marine, né à Brest, France, en 1706, fils de Timothée Latouche MacCarthy et d’Hélène Shee, décédé à Paris le 24 janvier 1765.

D’origine irlandaise, la famille de Charles Latouche MacCarthy se réfugia en France vers 1690 et donna à l’armée et à la marine un grand nombre d’officiers. Charles commença à naviguer comme marin de commerce vers 1730, et c’est probablement en tant que commandant de navire marchand qu’il vint au Canada. En 1737 il était à Québec où il épousait, le 7 octobre, Angélique-Jeanne, fille de Charles Guillimin*, conseiller au Conseil supérieur. Le 1er avril 1745, Latouche obtenait un brevet de lieutenant de frégate et était nommé capitaine maître du port à Québec en remplacement de feu René Legardeur de Beauvais (fils), mais il ne devait jamais occuper ce poste. En effet, alors qu’il se trouvait à bord de la Gironde pour passer au Canada, il reçut l’ordre de se rendre à Dunkerque pour veiller à l’embarquement des troupes qui devaient passer en Angleterre pour soutenir les tentatives de Charles-Édouard Stuart, dit le Jeune Prétendant.

En 1746, il s’embarqua sur le Léopard dans l’escadre du duc d’Anville [La Rochefoucauld] et participa à la malheureuse campagne d’Acadie. L’année suivante, il reçut le commandement du Rubis dans l’escadre du marquis de La Jonquière [Taffanel] destinée au Canada et prit part au combat du 14 mai au cours duquel « il s’est comporté avec une très grande distinction [...] Le s. Macarthy qui n’étoit monté que de 22 canons, s’est battu pendant 4 heures contre 2 et 3 vaisseaux de 50 et 60 canons et ne s’est rendu que parce qu’il étoit tout désemparé, criblé de coups et qu’il avoit 6 pieds d’eau dans la calle ». Cette belle action lui valut le 1er avril 1748 le grade de capitaine de brûlot, grade dit « intermédiaire » accordé à des officiers marchands passés au service du roi. En 1749, il était commandant de la Pie à destination de Cayenne.

Promu lieutenant de vaisseau et créé chevalier de Saint-Louis le 1er mars 1751, il reçut la même année le commandement de la frégate la Fidèle qui se rendait à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). En 1755, il servit sur l’Entreprenant dans l’escadre de Dubois de La Motte [Cahideuc] destinée au Canada mais la maladie l’empêcha de participer à cette campagne. L’année suivante, il commanda la frégate la Valeur chargée d’une nouvelle mission à Louisbourg. Promu capitaine de vaisseau le 17 avril 1757, MacCarthy commanda la frégate l’Abénaquise dans l’escadre de Dubois de La Motte qui avait l’ordre de se porter à la défense de l’île Royale. Au retour, la frégate, séparée du reste de l’escadre par un coup de vent, eut à combattre contre un vaisseau de 70 canons et une frégate. Blessé à la tête, MacCarthy dut amener son pavillon et fut conduit en Angleterre où il demeura prisonnier jusqu’en mai 1758.

En 1760, on lui confia le commandement de la Sirène, de la Flore et de la Valeur, navires armés par des particuliers à destination de l’île de Saint-Domingue (île d’Haïti). Il parvint sans incident dans cette colonie mais, au retour, les trois bâtiments furent attaqués à la sortie du Cap (Cap-Haïtien ou Le Cap) par trois vaisseaux anglais. Le combat dura deux jours, mais l’explosion accidentelle d’un canon et un incendie à bord obligèrent MacCarthy à se rendre. Il rentra en France le 31 août 1761 et servit ensuite au port de Rochefort.

MacCarthy eut deux filles et un fils lequel servit aussi dans la marine et périt dans le naufrage de la Bayonnaise à la Martinique en août 1765.


LE MARCHAND DE LIGNERY, FRANÇOIS-MARIE, officier dans les troupes de la Marine, né à Montréal le 24 août 1703, fils de Constant Le Marchand* de Lignery et d’Anne Robutel de La Noue, décédé le 28 juillet 1759.

Lignery entra dans les troupes de la Marine comme cadet à l’âge de 14 ans, mais il ne servit activement qu’en 1728, alors qu’il participa, comme aide de camp, à la campagne menée par son père contre les Renards. Il fut promu enseigne en second en 1733, puis, durant l’hiver de 1734–1735, il accompagna Nicolas-Joseph de Noyelles de Fleurimont dans une nouvelle campagne contre les Renards. En 1739, Lignery servit comme major dans le détachement que Charles Le Moyne de Longueuil mena contre les Chicachas. Le 17 mai 1741, il fut promu enseigne sur la recommandation de Longueuil. Plus tard au cours de l’année, Lignery fut nommé aide-major de Montréal, et devint lieutenant en 1744.

D’abord l’ennemi des Indiens, Lignery devait devenir celui des Anglais en 1744, lorsque la guerre de la Succession d’Autriche s’étendit en Amérique du Nord. En avril 1745, il servit comme major et commandant en second sous les ordres de Paul Marin de La Malgue, lors d’une attaque contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.). Lignery participa à deux autres campagnes en Acadie, soit le blocus de 22 jours de Port-Royal, en octobre 1746, sous le commandement de Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay*, et le raid conduit par Nicolas-Antoine Coulon de Villiers contre un détachement anglais, à Grand-Pré quatre mois plus tard. Le 1er avril 1751, ayant participé à 12 campagnes différentes et grâce à une chaleureuse recommandation du gouverneur La Jonquière [Taffanel], Lignery fut promu capitaine.

Il retourna alors dans l’Ouest, où, le 9 juillet 1755, il joua, avec Jean-Daniel Dumas*, un rôle majeur dans la défaite de l’armée du général Edward Braddock, lors de la bataille de la Monongahéla ; il reçut la croix de Saint-Louis. Huit mois plus tard, il fut nommé commandant sur l’Ohio, en remplacement de Dumas, avec la mission de maintenir la loyauté des tribus de l’Ouest et de harceler les Anglais par de fréquentes sorties. Pendant les deux années qui suivirent, à partir de sa base du fort Duquesne (Pittsburgh, Penn.), Lignery envoya plusieurs détachements effectuer des raids en Virginie et en Pennsylvanie. Ceux-ci furent tellement bien menés qu’ils affectèrent grandement le moral des Anglo-Américains. En mars 1758, le général John Forbes reçut le commandement des opérations devant être effectuées contre le fort Duquesne ; il s’en approcha lentement, établissant à mesure qu’il avançait des postes de ravitaillement bien gardés. Les attaques répétées de Lignery pour entraver ces opérations furent efficaces. Les 14 et 15 septembre 1758, Lignery défit aisément l’armée de 800 hommes dirigée par le major James Grant du 77e régiment écossais et continua ses attaques improvisées.

Cependant, le fort Frontenac (Kingston, Ont.) était tombé en août ; on se trouvait à la fin de la saison, alors que les provisions diminuaient, que les alliés indiens désertaient et que l’armée principale de Forbes augmentait quotidiennement ses effectifs. En novembre, un conseil de guerre prit la décision d’abandonner le fort Duquesne. Lignery décida alors d’envoyer la majeure partie de ses troupes à Montréal, à Détroit et au pays des Illinois ; il retarda la destruction du fort jusqu’au 23 novembre, date à laquelle l’armée de Forbes n’était plus qu’à 12 milles, puis il se retira au fort Machault à Venango (Franklin, Penn.), sur la rivière Ohio.

Du fort Machault, où ses effectifs reprirent de nouveau de l’importance en 1759, il reprit ses raids contre les Anglais. Cependant, le 6 juillet, le commandant de Niagara (près de Youngstown, N.Y.), Pierre Pouchot, assiégé par les Anglais, demanda l’aide de Lignery. Abandonnant l’idée d’une attaque importante contre le fort Pitt, que les Anglais avaient construit pour remplacer le fort Duquesne, Lignery s’avança sur Niagara. Le 24 juillet, il tomba dans une embuscade avec sa troupe de Français et d’Indiens et fut fait prisonnier. Le fort capitula le 25 et Lignery mourut de ses blessures le 28 du même mois.

Le 27 janvier 1738, Lignery avait épousé à Montréal, Marie-Thérèse, fille de Daniel Migeon de La Gauchetière ; de cette union naquirent sept enfants, dont deux moururent en bas âge. Ses fils devinrent officiers dans les troupes de la Marine ; sa veuve et ses deux filles se retirèrent en France avec des pensions du gouvernement.

LEFEBVRE DUPLESSIS FABER (Fabert), FRANÇOIS, seigneur, officier dans les troupes de la Marine, né le 9 novembre 1689 à Champlain, près de Trois-Rivières, fils aîné de François Lefebvre Duplessis Faber et de Madeleine Chorel de Saint-Romain, dit d’Orvilliers, décédé à Rochefort, France le 20 juillet 1762.

Comme les premières années de la carrière de François furent déterminées en partie par les activités de son père, ce dernier mérite quelque attention. C’est possiblement grâce à son père, Pierre Lefebvre Duplessis Faber, maître d’hôtel du roi, que François, père, accéda rapidement au poste de capitaine dans le régiment de Saint-Vallier, à l’âge de 24 ans. En 1687, alors qu’il était âgé de 40 ans, François, père, partit pour le Canada afin d’y assumer le commandement d’une compagnie des troupes de la Marine. Il épousa Madeleine Chorel de Saint-Romain le 7 janvier 1689 à Champlain, où il vécut pendant les sept ou huit années qui suivirent. En juillet 1689, il blessa le capitaine Raymond Blaise* Des Bergères de Rigauville au cours d’un combat à l’épée et dut lui payer un dédommagement de 600ª. Durant les 20 années qui suivirent, il posa successivement sa candidature aux postes de gouverneur d’Acadie et de Plaisance (Placentia, T.-N.), de commandant des troupes, de lieutenant de roi à Trois-Rivières, de commandant de Chambly et d’inspecteur des routes. Le 5 mai 1700, le ministre de la Marine, Pontchartrain, écrivit à l’intendant Champigny [Bochart*] : « Le sr Duplessis [...] m’estant recommandé par des personnes que je considère, vous me ferez plaisir de luy rendre service dans les occasions que vous en aurez. » Cependant, François, père, était tenu à l’écart de l’état-major à cause de son penchant pour le vin. En compensation, toutefois, son fils fut nommé enseigne à l’âge de 11 ans. François, père, mourut le 12 avril 1712 ; en juin, on lui décerna la croix de Saint-Louis, qu’il demandait depuis 1700.

Le 31 décembre 1713, son fils François épousa à Montréal Catherine-Geneviève, fille de Jean-François-Xavier Pelletier. Au cours de la même année, il avait reçu une expectative de lieutenant, grade qu’il obtint en 1714. Quoique intéressé à servir en Louisiane en 1717, François demeura à Montréal, où, en 1722, il devint aide-major de la ville, poste qui lui apportait un statut mais aucun salaire. C’est à la même époque qu’il vendit l’île Ronde, près de Sorel, et trois îles du Saint-Laurent qui lui avaient été concédées par Étienne Volant* de Radisson, beau-frère de sa femme et agent de la Compagnie des Indes à Montréal. Sa nomination comme capitaine en avril 1727 – il était alors commandant à Baie-des-Puants (Green Bay, Wisc.) – lui fut accordée grâce à la recommandation de Mme de Vaudreuil [Joybert*].

En 1732, François demanda de nouveau à être muté en Louisiane, cette fois comme major des troupes. Sa requête ayant été rejetée, il demanda la croix de Saint-Louis, qu’on lui refusa également. En 1739, il fut nommé commandant du fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.), mais son intérêt pour le commerce et les affaires ainsi qu’une âpre dispute avec le garde-magasin, Médard-Gabriel Vallette de Chévigny, occasionnèrent son rappel en 1741. Il n’était cependant pas en totale disgrâce, puisqu’en avril 1742, il reçut la croix de Saint-Louis. En 1744, le roi le suspendit pour trois mois pour avoir refusé d’arrêter Timothy Sullivan, dit Timothée Silvain, mais il ne fut pas longtemps destitué. En 1745, il accéda au poste de commandant de Niagara (près de Youngstown, N.Y.) en remplacement de Pierre-Joseph Céloron de Blainville. On faisait appel à ses talents pour maintenir la douteuse loyauté des Tsonnontouans.

Duplessis ne demeura pas longtemps à Niagara ; en 1747, la maladie l’obligea à être relevé de ses fonctions. Il fut remplacé par Claude-Pierre Pécaudy* de Contrecœur. Deux ans plus tard, Duplessis fut nommé commandant de Michillimakinac, et, le 17 mars 1756, il accéda au poste de major de Montréal. En août 1758, au fort Frontenac (Kingston, Ont.), Pierre-Jacques Payen* de Noyan, prévoyant une attaque du lieutenant-colonel John Bradstreet* avec 3 000 hommes, demanda de l’aide ; Pierre de Rigaud* de Vaudreuil lui envoya Duplessis à la tête de 1 500 miliciens. Mais les préparatifs à Lachine prirent tant de temps que la nouvelle de la perte du fort arriva peu après le départ de la troupe de Duplessis. Par la suite, ce dernier visita les Indiens de la région du fort Frontenac et revint à Montréal. Après la chute du Canada, Duplessis retourna en France avec une pension de 300ª ; il mourut à Rochefort le 20 juillet 1762.

De son union à Catherine-Geneviève Pelletier naquirent 12 enfants dont 6 parvinrent à la maturité. Un de ses fils, François-Hippolyte, servit dans les troupes de la Marine et prit sa retraite comme capitaine réformé en 1760, tandis qu’un autre, Joseph-Alphonse, fut officier au Canada, à l’île Royale (île du Cap-Breton) et à Rochefort ; il prit sa retraite en 1764 avec le rang de lieutenant.

II est très difficile d’évaluer la carrière de Duplessis Faber, car c’est grâce à ses contacts à la cour qu’il gravit les échelons de la hiérarchie militaire, mais il semble qu’il se soit montré compétent et consciencieux pendant son service comme aide-major de Montréal et comme commandant de Niagara.

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LEGARDEUR DE SAINT-PIERRE, JACQUES, officier dans les troupes de la Marine, explorateur, interprète, né le 24 octobre 1701 à Montréal, fils de Jean-Paul Legardeur* de Saint-Pierre et de Marie-Josette Leneuf de La Vallière, tué à la bataille du lac Saint-Sacrement (lac George) en 1755.

Jacques Legardeur de Saint-Pierre faisait partie d’une longue et importante lignée en Nouvelle-France ; il était le petit-fils de Jean-Baptiste Legardeur* de Repentigny et l’arrière-petit-fils de Jean Nicollet* de Belleborne. Son père, Jean-Paul, passa plusieurs années dans les pays d’en haut et fonda en 1718 le poste de Chagouamigon (près d’Ashland, Wisc.), sur le lac Supérieur. On a des preuves que Jacques, dans son adolescence, est allé y rejoindre son père. Dès le début de sa carrière, sa connaissance des langues et mœurs indiennes faisait l’objet à Montréal de plusieurs rapports louangeurs. Ainsi, en 1732, le gouverneur Charles de Beauharnois prétendait que Jacques, après un séjour de neuf ans dans l’Ouest, « connai[ssait] le sauvage mieux que les sauvages eux-mêmes, au témoignage de ceux-ci ». Jacques allait devenir un des meilleurs conseillers concernant les affaires indiennes de la Nouvelle-France.

À l’instar de son père, il embrassa la carrière militaire et devint enseigne en second en 1724. On lui confia en 1729 l’importante mission de recruter des forces parmi les Sauteux, les Cris et les Sioux pour une des nombreuses campagnes avortées contre les Renards. En 1733, il devint enseigne en pied. À la même époque,Louis Denys de La Ronde,commandant à Chagouamigon, était à la recherche des mines de cuivre du lac Supérieur. Il prit Legardeur comme adjoint dans cette aventure à cause « de son grand jugement et de son intelligence ».

Le talentueux soldat connut des moments très pénibles comme commandant du fort Beauharnois (sur le lac Pépin, Wisc.) de 1734 à 1737. Pendant sa courte existence, le fort changea d’emplacement plusieurs fois mais les commerçants montréalais espéraient toujours que la région devienne un centre important de commerce de fourrures. Les dissensions entre Indiens empêchèrent ce résultat. Legardeur, spécialiste des méthodes draconiennes, se voyait impuissant dans une telle zone agitée : en théorie, le fort se trouvait en pays Sioux mais il y avait plusieurs factions de Sioux se disputant sans cesse. Les Sauks et les Renards bien connus habitaient les environs et constituaient une menace constante pour les Français. Le voisinage comprenait aussi des Cris, des Assiniboines et des Sauteux. Ces derniers et les Sioux étaient des ennemis de longue date, et Legardeur dut finalement abandonner son rôle d’arbitre. Par crainte de voir sa garnison massacrée par les Sioux, il abandonna et brûla le fort, le 30 mai 1737.

Legardeur prit part ensuite à la tentative de contrôle par les Français de la vallée du Mississippi. De 1737 à 1740, il fit campagne contre les Chicachas, pénétrant aussi profondément au sud que l’actuel Alabama. II servit même d’otage aux Chicachas. L’appréciation de ses services lors de cette campagne par le gouverneur Beauharnois est un exemple typique des éloges qu’il recevra tout au long de sa carrière. « C’est un excellent officier, écrira ce dernier, qui nous sera d’une grande utilité ; les Indiens le craignent autant qu’ils l’estiment. »

Legardeur fut promu lieutenant en 1741. Après un court stage vers 1742 comme commandant du poste des Miamis (probablement au fort Wayne, Ind., ou tout près), il revint à Montréal où il s’acquitta de plusieurs tâches de 1745 à 1747. En décembre 1745, il prit la tête d’un contingent chargé de secourir le fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.) menacé par les Anglais ; en juillet 1746, il mena un détachement d’Abénakis en Acadie pour aider aux préparatifs de guerre contre les Anglais ; au printemps de 1747, il dirigea une attaque au pays des Agniers. Ce dernier effort se solda par un échec car ses alliés indiens furent trop impatients et leurs coups de feu précipités prévinrent les Agniers. Legardeur ramena tout de même quelques prisonniers agniers à Montréal. En juin 1747, sous les ordres de Louis de La Corne, il se porta d’urgence avec des miliciens et des Indiens, dans la région de Lachine pour prévenir l’attaque d’un parti d’Indiens et d’Anglais.

En 1747, des troubles éclatèrent chez les Indiens des pays d’en haut et pendant quelque temps il sembla que les Français étaient en train de perdre leurs alliés [V. Orontony]. Plusieurs Français furent assassinés et le commerce interrompu. Le talent et l’expérience de Legardeur le désignèrent pour être en charge du poste stratégique de Michillimakinac, d’où il pouvait tenir en main la situation sur toute l’étendue des lacs Supérieur, Michigan et Huron. D’après le gouverneur La Galissonière [Barrin], la plupart des officiers français étaient incapables de résoudre les problèmes avec les Indiens, sauf Legardeur qui fit preuve d’ « une grande adresse » et les força à livrer les meurtriers et à demander la paix. En 1748, toujours en service à Michillimakinac, il obtint le grade de capitaine. Une paix fragile fut instaurée dans la région et, au printemps de 1749, Legardeur demanda d’être relevé de ses fonctions. Le 26 juillet de cette année-là, il fut remplacé par François Lefebvre Duplessis Faber et s’en retourna à Montréal.

Les intérêts et les talents de Legardeur étaient encore liés aux pays d’en haut et, en 1750, le gouverneur La Jonquière [Taffanel] l’engagea pour diriger la recherche de la mer de l’Ouest, projet retardé par la mort de Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye. Cependant, il fut impliqué très tôt dans une dispute avec Louis-Joseph et Pierre Gaultier de La Vérendrye, qui voulaient à tout prix être associés à cette recherche et aussi à la gloire. Legardeur se rendit compte plus tard que la famille La Vérendrye avait raison de s’être sentie rejetée et il s’en excusa. Le 5 juin 1750, Legardeur quitta Montréal. Après plusieurs semaines à Michillimakinac en juillet, il repartit pour le fort La Reine (Portage-la-Prairie, Man.) qu’il atteignit à l’automne. Contrairement à ce qu’en disent certains historiens, Legardeur effectua, pendant les deux années de son séjour à ce poste, plusieurs voyages dans les régions des rivières Rouge et Winnipeg et du lac des Bois (Lake of the Woods). Il était sans cesse dans l’obligation d’apaiser les rivalités entre Indiens. En 1752, il semble qu’il se soit occupé seul de négociations importantes entre guerriers Cris et Sioux. La recherche de la mer de l’Ouest fut évidemment infructueuse, mais sur l’ordre de Legardeur et grâce à ses conseils, un groupe dirigé par Joseph-Claude Boucher* de Niverville parvint en 1751 à fonder le fort La Jonquière (situé probablement dans la région de Nipawin, Sask.). De retour à Montréal, vraisemblablement en 1753, Legardeur fut immédiatement envoyé dans la région de l’Ohio où les Français établissaient leurs droits de possession, sous le nez d’Anglais de plus en plus irrités. La même année, Paul Marin de La Malgue y avait fondé deux forts dont celui de la rivière au Bœuf (Waterford, Penn.). Après la mort de Marin en octobre, on envoya Legardeur pour commander le fort. La présence de troupes françaises choqua la colonie de Virginie et le gouverneur Robert Dinwiddie envoya un jeune major, George Washington, avec une délégation de sept hommes pour ordonner à Legardeur de quitter le pays au plus tôt. Après un voyage difficile, Washington arriva au fort le 11 décembre et tendit à Legardeur l’ordre écrit de la main de Dinwiddie. Legardeur répondit à Dinwiddie, dans un message devenu célèbre, que Washington perdait son temps en essayant de faire de la diplomatie internationale avec lui. Il proposa Québec comme endroit tout désigné pour porter de tels messages et non le fort de la rivière au Bœuf. La position de Legardeur fut courtoise mais ferme : « Pour la réquisition que vous faites de me retirer, je ne crois pas devoir y obéir. » Cette affaire fut l’objet chez certains historiens de beaucoup plus d’attention qu’elle n’en mérite, simplement parce qu’elle constitue pour Washington le prélude à une grande carrière militaire et politique. Les historiens de la Nouvelle-France, plus clairvoyants que les autres sur ce point, ont vu dans cette rencontre un militaire de profession et aguerri se montrer poli mais ferme et probablement amusé des « menaces » du major de milice virginien. Washington semble avoir gardé une impression favorable de Legardeur : « C’est un vieillard très bien, écrira-t-il, et il a tout du parfait soldat. »

Washington retourna dans la région en 1754, fut impliqué dans l’assaut célèbre contre le détachement de Joseph Coulon de Villiers de Jumonville et fut finalement défait, capturé et relâché par les Français au fort Necessity (près de Farmington, Penn.). On oublia la diplomatie et, une fois de plus, les Français et les Anglais bataillèrent pour la possession de la région de l’Ohio et de toute l’Amérique du Nord. En 1754, on rappela Legardeur à Montréal pour aider à lever des effectifs en prévision des événements à venir. Le baron de Dieskau, un Allemand au service des Français, prépara une offensive majeure dans la région du lac Saint-Sacrement et, le 4 septembre 1755, Legardeur y fut envoyé avec une troupe de miliciens canadiens et des centaines d’Indiens à sa suite. La bataille du lac Saint-Sacrement eut lieu le 8 septembre et consista, de fait, en trois confrontations importantes. Dans la première, peu après 10 heures du matin, Legardeur fut tué sur le coup alors qu’il était à la tête de ses guerriers indiens. Sa perte les affecta beaucoup ; le gouverneur Vaudreuil [Rigaud*] ainsi que d’autres chefs français et même les Anglais étaient d’avis que cette perte pouvait être un facteur déterminant dans les batailles suivantes.

Sous le régime français, peu de militaires de profession ont pu égaler la bravoure, l’intelligence et le dévouement qu’on trouve réunis chez Legardeur. Il passa la majeure partie de sa carrière dans les avant-postes très éloignés, où sa connaissance de la vie des pionniers et des dialectes indiens le rendit indispensable pour plusieurs parmi les dirigeants de la colonie à Québec. Il fut souvent chargé de missions destinées à rétablir la paix. C’était le successeur logique de La Vérendrye ; il s’en tira bien dans la région de l’Ohio ; on lui décerna la croix de Saint-Louis et il mourut au champ d’honneur. Même s’il n’était que capitaine, il rendit à la France des services importants et appréciés.

Le 27 octobre 1738, il avait épousé à Québec Marie-Joseph, fille de Charles Guillimin* ; ils n’eurent pas d’enfants. Sa femme se remaria en 1757 avec Luc de La Corne*, dit La Corne Saint-Luc.

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LEVRAULT DE LANGIS (Langy) MONTEGRON, JEAN-BAPTISTE, officier dans les troupes de la Marine, baptisé à Batiscan (Québec) le 8 octobre 1723, fils de Léon-Joseph Levrault de Langis et de sa seconde épouse, Marguerite-Gabrielle Jarret de Verchères, décédé en 1760.

Jean-Baptiste Levrault de Langis Montegron suivit les traces de son père et de ses trois frères plus âgés en embrassant une carrière dans les troupes de la Marine. Il commença son service à l’île Royale (île du Cap-Breton) au début des années 1750. En 1755, il commandait en qualité d’enseigne un poste d’observation de 10 ou 12 soldats, situé à trois quarts de mille du fort Beauséjour (près de Sackville, N.-B.). Après la prise du fort par les Anglais en juin 1755, Langis partit pour la Nouvelle-France, où, l’année suivante, il épousa à Verchères Madeleine d’Ailleboust de Manthet, veuve de Jean Jarret de Verchères.

Durant la guerre de Sept Ans, Jean-Baptiste et son frère aîné, Alexis, furent envoyés en reconnaissance pour capturer des prisonniers et recueillir des renseignements sur la stratégie ennemie dans la région du lac Champlain et du lac Saint-Sacrement (Lake George). En juin 1756, Jean-Baptiste captura un prisonnier à proximité du fort Oswego (Chouaguen) ; il retourna aux alentours du fort le mois suivant pour aider à préparer les plans d’une attaque d’envergure contre celui-ci. Au début d’août, Langis et Richerville menèrent des troupes en reconnaissance ; une semaine plus tard, le 14 août 1756, la chute d’Oswego marquait la première victoire de l’armée française [V. Montcalm].

À la suite de ce succès, des troupes d’éclaireurs poussèrent continuellement des pointes en territoire anglais, laissant l’ennemi dans l’inquiétude et le doute quant à l’endroit où les Français et leurs alliés frapperaient ensuite. Ainsi, en octobre 1756, Langis pénétra à l’intérieur de la colonie de New York avec un groupe de Népissingues et de Potéouatamis. Au printemps suivant, au cours d’une patrouille dans la région du fort Lydius (également appelé fort Edward, aujourd’hui Fort Edward, N.Y.), en compagnie d’une centaine d’Indiens, Langis tomba sur un groupe de quelque 50 Anglais qui étaient en train de couper des arbres ; il en tua près de 20 et en captura une demi-douzaine.

Pendant les quelques mois qui suivirent, Langis patrouilla la région du fort George (également appelé fort William Henry, aujourd’hui Lake George, N.Y.). En juillet 1757, Lévis* l’envoya de Carillon (Ticonderoga, N.Y.) avec quelques Iroquois et Outaouais pour reconnaître une route de terre entre Carillon et le fort George, qui appartenait aux Anglais. Lors de cette mission, Langis réussit à surprendre deux troupes ennemies différentes. Plus tard en juillet, Joseph Marin* de La Malgue prit la tête de 400 Canadiens et Indiens pour aller vérifier si l’ennemi avait érigé des constructions à proximité de la rivière du Chicot (Wood Creek, N.Y.) et pour tenter d’intercepter les convois entre le fort George et le fort Lydius ; Langis, ayant sous ses ordres son frère Alexis, était à la tête du contingent des Indiens.

Le 4 juillet 1758, Montcalm envoya un détachement de 130 volontaires de Carillon dans la région du fort George ; il créait un précédent en confiant le commandement du groupe à l’enseigne Langis et en demandant à des officiers de se porter volontaires sous les ordres de celui-ci. Le prestige du jeune enseigne était tel qu’il fallut réduire le nombre des volontaires. Langis retourna à Carillon le lendemain soir, rapportant qu’il avait aperçu l’ennemi. On occupa des positions défensives et, dans la bataille qui s’ensuivit, le 8 juillet, Montcalm réussit à repousser une troupe anglaise numériquement supérieure. Malgré qu’il y fût blessé, Langis put quand même mener une troupe de reconnaissance de La Présentation (Ogdensburg, N.Y.) jusqu’aux forts Niagara (près de Youngstown, N.Y.) et Oswego.

Au printemps de 1760, alors qu’il était chargé de la défense de Montréal, Langis se noya près de l’île Saint-Paul (île des Sœurs, près de Montréal). Il fut enterré à Longueuil le 1er juin. Langis, décrit dans les journaux militaires de son pays comme un officier remarquable et extrêmement courageux, avait bien servi son pays. Il était encore enseigne à l’âge de 37 ans, même si les hommes de son calibre et de son talent étaient essentiels à la défense de la Nouvelle-France.

LOMBARD DE COMBLES (de Combes, Descombes), JEAN-CLAUDE-HENRI DE, officier dans les troupes régulières, ingénieur, né le 10 décembre 1719 à Combles (dép. de la Meuse, France), fils de Jean-Adrian de Lombard, seigneur de Combles et ingénieur du roi mort le 11 décembre 1733 des blessures subies lors du siège de Kehl (République fédérale d’Allemagne), et d’Antoinette Hilaire ; le 24 décembre 1744 au Palais, Belle-Île-en-Mer, France, il épousa Marie-Rose Périn qui lui donna trois filles et quatre fils ; décédé accidentellement au Canada le 12 août 1756.

Jean-Claude-Henri de Lombard de Combles fut admis au Corps du Génie en 1743 et promu capitaine en 1751, tout en conservant son poste dans le régiment de Champagne, selon la coutume. En 1749, à titre d’ingénieur ordinaire du roi de la forteresse de Belle-Île-en-Mer, il élabora un plan pour la réparation des batteries, l’érection de murs pour protéger les plages qui étaient trop facilement accessibles et la construction de massifs pour supporter les canons. En 1752 et 1753, il dressa des plans pour la citadelle de Belle-Île-en-Mer et, en 1755, prit part à la reconstruction du quai de la ville du Palais ; sa femme mourut la même année.

En 1756, Lombard de Combles et l’ingénieur Jean-Nicolas Desandrouins* furent envoyés en Nouvelle-France pour remplacer trois ingénieurs qui, l’année précédente, avaient été capturés par les Anglais durant leur traversée au Canada. En tant que membre de l’état-major du marquis de Montcalm, Lombard partit de Brest sur la frégate Sauvage, à bord de laquelle se trouvait Lévis*, et arriva à Québec le 31 mai.

Il partit pour Montréal deux jours plus tard, puis il se rendit au fort Frontenac (Kingston, Ont.), où il arriva le 24 juin afin de prendre part aux opérations contre le fort Chouaguen (Oswego). Le 11 juillet, il y mena 200 hommes pour reconnaître les forts anglais, campant à Niaouré (Sackets Harbor, N.Y.). Ses travaux de reconnaissance prirent fin le 25 juillet ; il avait également questionné deux déserteurs anglais sur la force de la garnison. Le 28 juillet, il retournait épuisé au fort Frontenac, où il prépara un rapport pour Montcalm et un dessin d’Oswego illustrant la topographie, les défenses du fort et les routes possibles en vue d’une attaque par les Français. Le 4 août, lui et Desandrouins accompagnèrent les hommes de Montcalm dans la région avoisinante et, le 10 août, les deux ingénieurs furent envoyés en reconnaissance au fort Ontario qui constituait l’une des défenses d’Oswego. Lombard défendit à Desandrouins de l’accompagner vers l’avant ; lorsqu’il fut lui-même à moins de 240 pieds du fort, au milieu d’une forêt assez épaisse, un allié népissingue, le chef Hotchig (Aouschik), le prenant pour un officier anglais à cause de l’obscurité, tira sur lui. Desandrouins fit transporter son officier supérieur à sa tente, mais celui-ci devait mourir en moins d’une demi-heure.

Bien qu’il ne fût pas longtemps au pays, la perte de cet ingénieur fut, semble-t-il, fortement ressentie par les commandants français. Lombard de Combles laissait « dans la pauvreté » six jeunes enfants dépendants ainsi qu’un frère et une sœur qui vivaient en France. Le roi accorda aux enfants de Lombard une gratification annuelle en retour des loyaux services de leur père.

LORIMIER DE LA RIVIÈRE, CLAUDE-NICOLAS DE, officier dans les troupes de la Marine, baptisé le 22 mai 1705 à Lachine, près de Montréal, fils de Guillaume de Lorimier* de La Rivière et de Marie-Marguerite Chorel de Saint-Romain, dit d’Orvilliers, inhumé le 15 décembre 1770 à Lachine.

Claude-Nicolas de Lorimier de La Rivière eut une carrière militaire assez semblable à celle de son père décédé alors qu’il n’avait que quatre ans ; il fut nommé enseigne en second en 1726, enseigne en 1733, lieutenant en 1741 et capitaine en 1749. Le 7 janvier 1730, il épousa Marie-Louise, fille de Michel Lepailleur* de Laferté et de Catherine Jérémie, dit Lamontagne ; au cours des 21 années qui suivirent, ils eurent dix enfants dont huit atteignirent l’âge adulte, et les fils marchèrent à leur tour sur les traces de leur père et embrassèrent la carrière des armes.

Lorimier passa vraisemblablement dans l’Ouest une bonne partie de ses 30 premières années de vie militaire. En 1757, en qualité d’officier de liaison des détachements auxiliaires indiens qui accompagnaient l’armée de Montcalm, il s’occupa plus particulièrement des guerriers sauteux. Le rôle qui lui était dévolu indiquerait qu’il connaissait bien cette nation à la suite de nominations à Michillimakinac ou aux postes qui en relevaient. En 1749, on l’avait pressenti pour un poste lucratif de commandant dans cette région mais sa désignation au grade de capitaine le plaça apparemment en charge de la garnison du Lac-des-Deux-Montagnes (Oka, Québec). Lorsque les hostilités avec les Anglo-Américains prirent de l’ampleur, en 1755, on lui confia le commandement du fort de La Présentation.

La Présentation était un village de mission pour les Six-Nations, de même qu’un centre de recrutement ; il constituait un poste de renseignements chez les Iroquois, un relai, un magasin, une position de défense à mi-chemin entre Montréal et le fort Frontenac (Kingston, Ont.) et il était le point de départ d’incursions qui avaient pour cible différents endroits de la région d’Albany et d’Oswego. L’établissement n’avait été fondé que six ans auparavant par le père François Picquet*, énergique sulpicien qui n’acceptait de bon gré ni coopération ni ingérence ; en 1756, le poste comptait 500 Indiens.

Lorimier avait une petite garnison de 20 à 30 hommes sous ses ordres, mais il n’en participa pas moins à de délicates opérations. Ainsi, en 1756, il facilita le passage des forces sous le commandement de Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry en route pour le fort Bull (Oneida Lake, N.Y.) lesquelles, par la suite, firent sauter le fort avec toutes ses munitions ; lors de l’expédition de reconnaissance qui harcela le fort Oswego au printemps et à l’été de 1756, il semble que Lorimier ait commandé l’arrière-garde de la colonne de gauche. Les renseignements touchant la sécurité de la région occidentale du Canada parvenaient d’abord à La Présentation où Lorimier en faisait une première analyse et y apportait une première solution tout en les transmettant à l’autorité compétente.

Le partage de l’autorité avec l’abbé Picquet était assez gênant pour Lorimier. Selon Bougainville*, c’est Picquet qui faisait faire l’exercice militaire aux Indiens : « II y a dans le fort un capne de la colonie commandant, mais le gouvernement pour la police intérieure et extérieure est ecclésiastique. » En 1757, de sérieuses querelles de juridiction divisèrent les deux hommes et on rappela Picquet. Toutefois, les Indiens de La Présentation demandèrent le retour du missionnaire en février 1758 et se plaignirent du fait que Lorimier soit leur intermédiaire officiel auprès des Français. Bougainville posa le problème : « Faut-il mettre garnison française dans les missions sauvages ou les laisser seuls à la conduite des missionnaires ? » Montcalm écrivit : « Les altercations entre ce missionnaire et ce commandant sont contraires au service du Roi [...] ce qu’il y auroit de mieux à faire, seroit de n’y entretenir ni commandant, ni garnison. Les Anglais y viendront-ils en force, la petite garnison n’y servira de rien, et les sauvages seront sûrs de se retirer ; n’y viendra-t-il qu’un parti anglois, les sauvages suffisent. Ce seroit l’avis de l’abbé Piquet qui a raison ; mais le marquis de Vaudreuil [Pierre de Rigaud*] pense différemment. »

La destruction du fort Frontenac au mois d’août 1758 souleva pour la première fois sérieusement la possibilité que l’ennemi descende le Saint-Laurent en direction de Montréal. On ramena donc Picquet à La Présentation. Bougainville écrivit à son sujet : « Il est certain qu’il a formé lui-même cet établissement, que depuis son départ les affaires y ont été mal faites. » On rappela Lorimier, et Antoine-Gabriel-François Benoist* le remplaça au poste de commandant militaire.

Ce rappel mit fin à la nomination la plus importante et la plus lourde des responsabilités qu’on ait confiée à Lorimier. La croix de Saint-Louis qu’on lui décerna en janvier 1759 vint adoucir la dureté du coup qui lui avait été porté. Sa participation aux dernières grandes luttes de la Nouvelle-France fut également brillante et son nom figure parmi les blessés de la bataille de Sainte-Foy.

Lorimier appartenait à une tradition militaire à la fois distinguée et active qui s’étendit sur trois générations. Soldat avant tout, il n’en toucha pas moins à d’autres sphères d’activité. Il fut accusé de complicité avec la clique de profiteurs de l’intendant Bigot* mais on l’acquitta par la suite ; sa réclamation au montant de 1 716ª à l’adresse du gouvernement français fut déposée en 1763 mais n’eut pas de suite, comme toutes les autres. La rafale de la Conquête qui avait mis fin aux traditions, lésé les créanciers, ruiné les carrières, avait également modifié son destin. Il est possible qu’il ait survécu à tous ces revers pour se consacrer au commerce et il semble qu’aux environs de 1769 il était dans la région de l’Ohio.

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MARIN DE LA MALGUE (La Marque), PAUL, officier dans les troupes de la Marine, baptisé à Montréal le 19 mars 1692, fils aîné de Charles-Paul de Marin* de La Malgue et de Catherine Niquet, décédé le 29 octobre 1753.

Paul Marin de La Malgue, fils d’un officier dans les troupes de la Marine, épousa Marie-Joseph Guyon Desprez, le 21 mars 1718, à Montréal. Plusieurs enfants naquirent de ce mariage et, parmi eux, Joseph*, qui, tout comme son père, embrassa la carrière des armes.

En 1720, Paul Marin de La Malgue était en service dans l’Ouest où il passera la plus grande partie de sa vie. C’est dans les troupes de la Marine qu’il reçut une commission d’enseigne, le 26 mai 1722. Cette même année, on lui confia le commandement du poste de Chagouamigon (près d’Ashland, Wisc.), auquel était attaché l’habituel monopole de la traite des fourrures dans la région, dont le produit servait à payer les frais d’entretien du poste. Marin avait pour mission principale de garder les nations indiennes fidèles aux intérêts français et de les maintenir en paix entre elles. Il gagna la confiance du gouverneur, Philippe de Rigaud* de Vaudreuil, et celle de son successeur, Charles de Beauharnois ; ce dernier déclara que Marin était craint et respecté des Indiens et toujours prêt à risquer sa vie au service du roi. Après avoir servi pendant sept ans au grade d’enseigne en pied, il fut promu lieutenant en 1741. Toutefois, des informateurs persuadèrent le ministre de la Marine que Marin était un piètre officier, plus intéressé à retirer des bénéfices de la traite des fourrures qu’à maintenir la paix parmi les Sioux, les Renards et les Sauks. Le ministre ordonna donc son rappel, mais Beauharnois prit la liberté de passer outre à cet ordre. Il expliqua, en 1741, que Marin avait réussi à pacifier les tribus belliqueuses et avait convaincu les délégués des Sioux et de cinq autres nations de l’accompagner à Québec afin de ratifier un traité de paix générale et qu’il y allait de l’intérêt du roi de le laisser au poste des Sioux.

Deux ans plus tard, Marin traversa en France pour affaires de famille et rentra au Canada lorsque la guerre de la Succession d’Autriche s’étendit en Amérique en 1744. Il fit campagne en Acadie et à la frontière de la colonie de New York. En 1746, il commandait le parti de guerriers qui détruisit Saratoga (Schuylerville, N.Y.) et ravagea les établissements d’alentour. Ces campagnes lui créèrent une réputation de bravoure et de cruauté. En 1748, il était promu capitaine.

À la fin des hostilités, il retourna dans l’Ouest pour reprendre le commandement de Baie-des-Puants (Green Bay, Wisc.), le plus lucratif des postes de l’Ouest et celui que les officiers des troupes de la Marine enviaient le plus. Il semble avoir tiré tout le parti possible des circonstances. Au cours de son précédent commandement dans l’Ouest, jusqu’en 1738, il n’avait jamais eu plus de six voyageurs par année à son service pour assurer le transport des marchandises à son poste ; en 1739, il en engagea 11, 23 en 1740, 29 en 1741 et 31 en 1742 ; or pendant les années 1750–1752, il en eut au moins 190. II a pu réaliser des bénéfices considérables mais, étant donné le coût élevé de la traite et les limites du marché, il est peu probable que ses gains aient été aussi mirifiques que le voulaient les rumeurs non confirmées. Il est possible d’alléguer pour sa défense qu’un des objectifs fondamentaux de la politique française était de conserver l’allégeance des nations de l’Ouest et les empêcher de faire le commerce avec les Anglo-Américains. C’est pourquoi les Français devaient fournir aux Indiens les articles que ceux-ci exigeaient et accepter leurs fourrures en échange. Si cet échange procurait un bénéfice, alors tant mieux ! Les visées politiques étant atteintes, le service du roi n’eut certainement pas à souffrir pendant que Marin avait le commandement de Baie-des-Puants.

Lorsque Duquesne*, à peine arrivé à Québec en qualité de gouverneur, en 1752, prit la décision de dépêcher l’année suivante une troupe importante de soldats et de miliciens pour enlever aux Anglo-Américains le contrôle de la vallée de l’Ohio, il est assez significatif qu’il ait choisi d’en confier le commandement à Marin. Ce dernier reçut instruction d’établir un poste fortifié sur la rive sud du lac Érié, de construire une route jusqu’au cours supérieur de la rivière Alléghany, de rendre navigable la rivière au Bœuf (French Creek, Penn.), puis d’ériger une série de forts jusqu’à la rivière Ohio, et d’établir des garnisons dans ces forts. Marin, maintenant âgé de 61 ans, se surmena tout au long de l’été et de l’automne de 1753 et fit travailler ses 1 500 hommes sans merci. Il ne souffrait aucune entrave. Les jeunes officiers qui ne montraient pas assez de zèle à la tâche se voyaient menacés d’être mis à la réforme. Lorsque les Iroquois élevèrent des protestations devant l’envahissement de leur territoire, on leur répondit sans ambages que s’ils s’y opposaient, ils seraient anéantis [V. Tanaghrisson]. Les trafiquants de fourrures anglo-américains surpris dans la région furent enchaînés et expédiés à Montréal pour servir d’avertissement aux autres. Des centaines de manœuvres canadiens tombèrent malades de faim et de surmenage ; nombre d’entre eux succombèrent et ceux qui survécurent avaient l’air de revenants, et Duquesne pâlit de saisissement à leur vue lorsqu’ils retournèrent à Montréal. Marin lui-même tomba malade et il refusa malgré les ordres de revenir se soigner. En septembre, Duquesne lui expédia la croix de Saint-Louis qui lui avait été décernée, son nom ayant, cette année-là, été placé sur la liste des honneurs. Cette récompense lui parvint trop tard ; il avait succombé le 29 octobre au fort de la rivière au Bœuf (Waterford, Penn.). Il avait délibérément choisi de mourir à la tâche plutôt que d’abandonner son commandement.

Marin n’avait pas réussi complètement à ouvrir la route jusqu’à l’Ohio, mais il avait préparé la voie. L’année suivante, la tâche fut menée à bonne fin, et le fort Duquesne (Pittsburgh, Penn.) érigé, donnant ainsi à la France la mainmise sur la région [V. Claude-Pierre Pecaudy* de Contrecœur]. Ayant appris la mort de Marin, Duquesne écrivit qu’il en était très affecté : « Le Roy perd un excellent sujet qui étoit fait pour la guerre [...] j’avois conçu la plus haute opinion de cet officier. »

MASCLE DE SAINT-JULHIEN, JEAN (on trouve habituellement St. Julien, mais il signait St. Julhien ; dans son certificat de baptême on trouve Masclé), officier dans les troupes régulières, né le 7 juillet 1693 à Lunel, France, fils de Jean Mascle, procureur, et de Suzanne Courtade, décédé en 1759.

Jean Mascle de Saint-Julhien vint à Louisbourg (île du Cap-Breton) en 1755, comme officier supérieur en charge des seconds bataillons des régiments d’Artois et de Bourgogne ; ces deux unités de l’armée régulière française avaient été envoyées pour appuyer les troupes affectées à la défense de l’île Royale durant la guerre de Sept Ans. Il comptait de longues années d’expérience dans le régiment d’Artois. Depuis ses débuts comme sous-lieutenant en 1709, il avait participé à une douzaine de sièges et à de nombreuses batailles. Au cours de la guerre de la Succession d’Autriche, il fut grièvement blessé à Dettingen (République fédérale d’Allemagne) en 1743, puis, quatre ans plus tard, à Assiette (Italie), où il commandait le régiment. Il avait reçu la croix de Saint-Louis en 1737 et devint lieutenant-colonel le 19 février 1755. Ses états de service attestent qu’il était un « bon officier » et un « homme de guerre », épris de discipline et qu’il avait « l’autorité et les talens nécessaires pour etre un bon Lieutenant Colonel ».

Toutefois, durant son séjour à Louisbourg, Saint-Julhien se révéla un personnage difficile et encombrant. Il se querella à plusieurs reprises, notamment avec le commissaire ordonnateur, Jacques Prévost* de La Croix, au sujet des prérogatives rattachées au commandement et à l’administration de ses troupes. Les responsabilités administratives que Prévost assumait vis-à-vis des troupes de la Marine en tant que commissaire ordonnateur s’étendaient également à l’armée régulière française, à la suite de sa nomination comme commissaire des guerres en avril 1755. Saint-Julhien insistait néanmoins sur l’autonomie et les privilèges spéciaux des troupes régulières françaises. Son attitude ainsi que celle de ses confrères officiers, en plus de créer des difficultés avec Prévost, suscitèrent l’opposition du corps d’officiers coloniaux. « Le Commandant d’Artois est l’esprit le plus dangereux que je connaisse, plein de jalousie et de présomption », disait de Saint-Julhien l’ingénieur François-Claude-Victor Grillot de Poilly, ajoutant qu’il « étoit incapable de désirer le bien, s’il ne venoit pas de lui ». À la demande du gouverneur, Boschenry de Drucour, Saint-Julhien avait été désigné, le 1er septembre 1755, comme commandant de la colonie pendant l’absence du gouverneur. Mais ses relations avec Drucour se détériorèrent et il fut remplacé comme commandant éventuel par l’ingénieur en chef, Louis Franquet. Sa position comme officier supérieur des troupes régulières françaises se trouva changée par l’arrivée d’autres bataillons de France en 1757 et 1758. En 1758, Mathieu-Henri Marchant* de La Houlière prit le commandement de toutes les troupes de débarquement à Louisbourg, tandis que Saint-Julhien se retrouva en charge du seul bataillon du régiment d’Artois.

Le bataillon de Saint-Julhien, renforcé par la compagnie de grenadiers du régiment de Bourgogne et par un certain nombre d’Indiens, d’Acadiens et de soldats des troupes de la Marine se trouvait à l’anse de la Cormorandière (Kennington Cove) le 8 juin 1758, lorsque les Anglais débarquèrent pour entreprendre le second siège de Louisbourg. L’assaut commença vers quatre heures du matin et, sous la protection d’un bombardement naval, trois divisions de chaloupes se dirigèrent à la rame vers la rive. La division de gauche, commandée par James Wolfe, était en train d’être repoussée lorsque trois de ses chaloupes dérivèrent vers la droite, où leurs équipages découvrirent une plage de débarquement qui avait été laissée sans protection. Saint-Julhien envoya finalement ses deux compagnies de grenadiers pour faire échec à la démarche des Anglais, mais il avait trop longtemps hésité. Après une vive escarmouche, la ligne française fut prise en enfilade ; les soldats de Saint-Julhien abandonnèrent leur poste, tandis que les autres divisions débarquèrent à la suite de Wolfe. Saint-Julhien ne semble pas avoir été blâmé pour sa négligence à placer des sentinelles à l’endroit du débarquement.

Saint-Julhien commanda son bataillon durant tout le siège et participa aux conseils de guerre tenus le 9 juin et le 26 juillet. Pour le reste, sa participation fut sans éclat. Après la capitulation, il fut envoyé en Angleterre avec son bataillon, et échangé à Calais en décembre. Il mourut en 1759.

PAYEN DE NOYAN, PIERRE-BENOÎT, officier dans les troupes de la Marine, né vers 1700 en Normandie, fils de Pierre Payen* de Noyan et de Catherine-Jeanne Le Moyne de Longueuil et de Châteauguay ; il épousa Marie Faucon Dumanoir le 14 mars 1739 à La Nouvelle-Orléans ; décédé en 1765 à Avranches, France.

Après la mort de Pierre Payen de Noyan en 1707, le roi accorda à la veuve Noyan une pension annuelle de 500ª pour subvenir à l’entretien de ses quatre fils, dont Pierre-Jacques* qui sera lieutenant de roi à Trois-Rivières, Gilles-Augustin qui sera lieutenant de roi à La Nouvelle-Orléans et Pierre-Benoît.

Ce dernier arrive en Louisiane en 1722 avec le titre d’enseigne réformé obtenu à cause des « bons témoignages rendus et valeur de l’homme ». Il vient rejoindre son frère Gilles-Augustin, qui y occupe un poste depuis 1717, et son oncle, Bienville [Le Moyne], commandant-général de la colonie. Son premier séjour en Louisiane est de courte durée, puisqu’il repasse en France en 1726, à la suite d’une purge de la nouvelle administration parmi les partisans de Bienville. Le 8 mai 1730 Noyan est nommé enseigne en pied à l’île Royale (île du Cap-Breton). Il sert dans la compagnie de Charles de Saint-Étienne* de La Tour jusqu’à la mort de celui-ci en 1731 et quelques années après.

Bienville est nommé gouverneur de la Louisiane en 1732, et en 1735 Noyan obtient d’y retourner comme lieutenant. L’année suivante, il est nommé aide-major au fort Condé (Mobile, Ala.). En tant que militaire, il concentre son activité sur les conflits franco-indiens. Il participe à quelques expéditions contre les Chicachas et les Natchez et y est même blessé légèrement. En 1739, il reçoit comme mission de tracer un chemin pour se rendre chez les Chicachas en vue d’une attaque française. Il est alors commandant du fort de l’Assomption (Memphis, Tenn.).

Le 1er octobre 1740, le roi reconnaît ses services en le nommant capitaine. Même si les documents sont silencieux à son sujet, Noyan a dû se signaler à quelques occasions, puisqu’il est nommé major de La Nouvelle-Orléans vers 1750. Il reçoit la croix de Saint-Louis en 1752.

Noyan retourne en France en 1760 et il meurt en 1765 à Avranches. Sa carrière militaire est sans grand éclat. Ses différents grades et postes ont été obtenus souvent sans doute grâce à son lien de parenté avec Bienville.


PERRAULT (Perrot, Perreault), PAUL, major général de milice au Canada, baptisé à Deschambault (Québec) le 4 avril 1725, fils de Jacques Perrault et de Marie-Madeleine Paquin, décédé à Kourou en Guyane française, le 29 janvier 1765.

Fils de fermier et fermier lui-même, Paul Perrault se lança aussi, semble-t-il, dans le commerce et le transport, obtenant assez de succès pour se permettre d’acheter des terrains supplémentaires. On eut tôt fait de reconnaître son ambition et son talent en le nommant à la tête de la milice de sa localité. En tant que capitaine de la côte, Perrault était chargé de surveiller les exercices et d’inspecter l’équipement militaire ; il était responsable d’appliquer les décrets de l’intendant Bigot* et apparaissait comme un symbole social jouissant d’un banc particulier à l’église. Il dirigeait les corvées d’entretien des ponts et des routes et pouvait même agir comme magistrat subalterne.


Toutes ces biographies sont disponibles sur l'excellent site :
http://www.biographi.ca

Si certains de ces officiers pouvaient être crées lors d'un prochain patch , la campagne française n'en aurait que plus de piquant .

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Synthèse

Mon Jan 15, 2007 12:42 pm

Une synthèse dans le format des fiches BIO serait parfaite.
Je veux bien faire la mise en page pour le site... comme ici http://www.birth-of-america.com/french/Personnages/Corne_L.html pour celle la http://www.ageod-forum.com/showpost.php?p=15622&postcount=48
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Mon Jan 15, 2007 9:31 pm

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