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moustic
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Madame Riedesel

Sat Jun 17, 2006 10:06 pm

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MASSOW, FRIEDERIKE CHARLOTTE LOUISE VON (Riedesel, Freifrau zu Eisenbach)
auteure, née le 11 juillet 1746 dans le Brandebourg (République démocratique allemande), fille de Hans Jürgen Detloff von Massow, lieutenant général dans l’armée prussienne et commissaire en chef sous Frédéric II, roi de Prusse, et d’une dénommée von Crause ; décédée le 20 mai 1808 à Berlin et ensevelie dans le caveau de la famille Riedesel, à Lauterbach (République fédérale d’Allemagne).
Friederike Charlotte Louise von Massow avait 13 ans environ quand elle rencontra pour la première fois Friedrich Adolph Riedesel, âgé de 21 ans, capitaine dans la cavalerie du duché de Brunswick et aide de camp du duc de Brunswick. Même si leur mariage, célébré le 21 décembre 1762 à Wolfenbüttel (République fédérale d’Allemagne), fut arrangé par leurs familles, et si le duc de Brunswick y joua un rôle de négociateur, il n’y avait pas de doute que leur union était une affaire d’amour. Après le mariage, Riedesel partit en voyage, pour le service, et Friederike alla vivre à Berlin. Elle y donna naissance, en 1766, à un garçon, premier des neuf enfants qu’elle mettrait au monde ; trois, dont les deux aînés, allaient mourir en bas âge. Riedesel fut en garnison à Wolfenbüttel ; il y acheta par la suite une maison, où le couple s’établit. Décrite par un chambellan prussien, en 1766, comme « très jeune [et] de fort belle apparence », Friederike était aussi une femme forte. « Vous avez le meilleur caractère du monde, lui écrivait son mari en 1776, mais souvent vous êtes trop peu raisonnable pour cacher la haine que vous portez à des hommes importants, et vous parlez en présence de n’importe qui [...] Vous savez que nous avons beaucoup d’ennemis, et les gens profitent de votre franchise pour intriguer contre vous et moi. »
En janvier 1776, Riedesel avait déjà, à 38 ans, atteint le grade de colonel. Quand, ce mois-là, la Grande-Bretagne conclut, avec le duché de Brunswick, un traité lui permettant d’engager des troupes pour combattre les colonies rebelles d’Amérique, il fut nommé commandant du premier contingent qui devait partir pour les colonies. Il quitta Wolfenbüttel le 22 février, et, cette nuit-là, il écrivit à Friederike : « Jamais je n’ai autant souffert qu’à mon départ, ce matin. Mon cœur était brisé, et eussé-je eu l’occasion de retourner en arrière, qui sait ce que j’aurais pu faire ! » Après avoir annoncé sa promotion au grade de major général, il ajoutait : « Et maintenant, ma chère madame la générale, prenez bien soin de vous, de façon que vous puissiez me rejoindre immédiatement après vos couches. » Friederike avait décidé d’accompagner son mari ; d’un caractère irrépressible, elle répliqua à sa mère qui lui avait formellement ordonné de rester à Wolfenbüttel : « Rester ici quand le meilleur et le plus tendre des maris m’a donné la permission de le suivre m’aurait été impossible. Le devoir, l’amour et ma conscience me l’interdisaient. Il est du devoir d’une épouse de tout oublier et de suivre son mari. »
Le 14 mai 1776, Friederike quittait le duché de Brunswick, accompagnée de ses trois filles âgées de quatre ans, deux ans et dix semaines. Dès son départ, Friederike commença de tenir un journal, dans lequel elle rapportait ses aventures et ses observations. Après une année frustrante d’attente en Angleterre, la famille s’embarqua pour Québec, où elle arriva tôt le matin du 10 juin 1777. Quand la nouvelle de l’arrivée de Friederike se répandit dans la ville, « tous les navires mouillant dans le port tirèrent du canon », et, à midi, on envoya, pour la chercher, une embarcation « montée par douze marins vêtus de blanc, coiffés d’un casque argenté et portant ceinture verte ». Connaissant bien The history of Emily Montague [...], roman de Frances Brooke [Moore*] paru en quatre volumes à Londres en 1769, et dont l’histoire se passe dans la colonie, Friederike, à son tour, nota que « Québec [était] beau à voir, du fleuve », et, dès l’abord, se trouva pleinement d’accord avec « la charmante description qu’on en trouve » dans les lettres d’Emily Montague. Une fois à terre, toutefois, elle jugea la ville « aussi laide que possible et très peu favorable à la marche, puisque l’on [devait] gravir des montagnes quand on en parcour[ait] les rues ».
Riedesel, qui avait été placé en garnison à Trois-Rivières, était déjà parti pour se joindre aux forces du major général John Burgoyne*, afin de préparer une invasion des colonies américaines. Friederike se hâta de quitter Québec et rejoignit finalement son mari à Chambly, où ils passèrent deux jours ensemble à la mi-juin. Comme ils ne pouvaient pas beaucoup se voir, Riedesel étant occupé à travailler aux plans de la campagne prévue, Friederike s’installa à Trois-Rivières, où elle demeura deux mois. Elle se fit des amis, dont le vicaire général Pierre Garreau*, dit Saint-Onge, « homme intelligent », plein d’entrain et sociable, de même que la « prétendue cousine » de Garreau. Dans une remarque générale, qui se rapporte probablement aux vicaires généraux, Friederike écrit, pour l’avoir entendu dire, que « chacun de ces gentlemen avait une semblable « cousine » comme ménagère, et que, presque chaque année, ces « cousines » devaient, pour certaines raisons, quitter la ville un certain temps, de façon à éviter le scandale ». Elle visitait fréquemment les ursulines et y dînait, les trouvant de bonne compagnie. Elle décrivit les Canadiens de la région comme étant amicaux et nota ses observations sur leurs maisons et leurs façons de vivre.
En août 1777, Friederike prit ses enfants avec elle et rejoignit son mari au sein de l’expédition de Burgoyne, atteignant l’armée juste avant que les communications avec celle-ci fussent coupées par les Américains. [color="darkred"]Environ 2 000 femmes accompagnèrent les troupes de Burgoyne à un moment ou l’autre[/color]. Friederike se trouva parmi un groupe de femmes d’officiers, qui suivaient à quelque distance derrière les premières lignes avancées, suffisamment proche du front, en tout cas, pour observer la bataille du 19 septembre, dans les environs de Freeman’s Farm, New York ; « sachant, écrit-elle, que mon mari y prenait part, j’étais remplie de crainte et d’angoisse, et frissonnais chaque fois qu’un coup de feu était tiré, car rien n’échappait à mon oreille ». À la bataille de Bemis Heights, le 7 octobre, « on fit feu de plus en plus, jusqu’à ce que le bruit en devînt terrifiant. Ce fut un terrible bombardement, note-t-elle, et j’étais plus morte que vive ! » L’arrivée, dans la maison où restait Friederike, d’officiers blessés, dont certains étaient de bons amis, augmenta ses craintes pour la vie de son mari. Pendant la retraite des Britanniques sur Saratoga (Schuylerville), Friederike se trouva, à un moment donné, dans une région soumise à un intense bombardement, et elle fut déchirée entre le choix d’accompagner ses filles pour les mettre en sûreté, comme le lui avait ordonné un officier, ou d’attendre que son mari la rejoignît, en se séparant ainsi de ses enfants. « Il connaissait le point faible de ma cuirasse, et me persuada ainsi de prendre la calèche, écrit-elle, et nous nous éloignâmes. » [color="DarkRed"]Tout comme son mari, Friederike condamnait la lenteur et la nonchalance de Burgoyne pendant la retraite. « En fait, rapporte-t-elle, Burgoyne aimait avoir du bon temps et passer la moitié de la nuit à chanter et à boire, et à s’amuser en compagnie de la femme d’un commissaire, qui était sa maîtresse. »[/color] Après la capitulation de Burgoyne ratifiée par l’accord de Saratoga, le 17 octobre 1777, Friederike et ses enfants accompagnèrent Riedesel dans sa captivité. Pendant une année, ils vécurent à Cambridge, au Massachusetts, confortablement et « tout à fait heureux ». En novembre 1778, ils reçurent l’ordre de partir pour la Virginie ; en route, ils rencontrèrent le marquis de La Fayette, avec qui ils dînèrent. Friederike lui reprocha franchement son ingratitude quand il admit avoir été l’objet d’aimables attentions de la part du roi George III, au cours d’un voyage en Angleterre qu’il avait fait peu de temps auparavant. Après un voyage difficile, les Riedesel s’installèrent à Charlottesville, en Virginie, où ils se lièrent d’une étroite amitié avec Thomas Jefferson. Riedesel fut libéré sur parole à l’été de 1779, et la famille partit pour New York. Le 25 octobre, une autre fille leur était née, baptisée America. Près d’une année plus tard, Riedesel fut échangé et reprit du service actif comme commandant de l’île Long.
En juillet 1781, les Riedesel retournèrent dans la province de Québec, prenant pied sur la rive du Saint-Laurent en bas de Québec, de façon à terminer leur voyage par voie de terre. De nouveau, Friederike trouva les habitants « hospitaliers et joviaux, chantant et fumant tout le temps ». Si les femmes souffraient fréquemment du goitre, note-t-elle, « les gens [étaient], par ailleurs, en bonne santé et viv[aient] jusqu’à un âge avancé ». À Québec, Riedesel fut reçu par le gouverneur Haldimand, qui l’affecta à Sorel ; le 1er novembre, une autre fille, Louisa Augusta Elizabeth Canada, naquit, qui mourut cinq mois plus tard. Les Riedesel vécurent à Sorel les deux années suivantes, tout en faisant de longues visites à Québec, sur l’invitation de Haldimand. « On a représenté [le général], écrit Friederike, comme un homme avec qui il était difficile de s’accorder et que personne ne pouvait satisfaire. J’ai eu la satisfaction non seulement d’être chaleureusement reçue par lui, mais même de gagner son amitié, qui dura aussi longtemps qu’il vécut [...] Nos relations avec lui étaient empreintes de franchise et de sincérité, de quoi il nous était des plus reconnaissant, d’autant qu’il était peu accoutumé à y être ainsi traité. » À Québec, les Riedesel demeuraient habituellement chez Adam Mabane*. Friederike, qui parlait un français excellent, raconte dans son journal et dans ses lettres les visites qu’elle fit à la chute Montmorency et à Montréal, ainsi que ses promenades dans la campagne, autour de Sorel. Dans ces récits, elle souligne les caractères distinctifs des Indiens, des Britanniques et des Canadiens, et elle décrit les maisons de ces derniers et leurs coutumes, comme la fabrication du sirop d’érable et la construction de glacières pour la conservation de la nourriture en hiver.
La fin de la guerre, en 1783, rendit inévitable le retour des Riedesel dans le duché de Brunswick ; à cette occasion, Haldimand fit cadeau à Friederike d’une pèlerine et d’un manchon de martre, et les officiers de la garnison jouèrent une pièce de théâtre en son honneur. Les Riedesel pleurèrent en se séparant du gouverneur. Ils quittèrent Québec en août et arrivèrent à Portsmouth, en Angleterre, à la mi-septembre, jetant l’ancre, comme le nota Friederike, « exactement entre le navire qui [l’avait] menée d’Angleterre au Canada et celui qui [les] avait transportés de New York à Québec ».
Par la suite, les Riedesel connurent une vie relativement paisible et heureuse. En 1780, à la mort de son père, Riedesel avait hérité du titre de Freiherr zu Eisenbach et du château de Lauterbach. Trois ans plus tard, Friederike mettait au monde un héritier mâle, Georg Karl, objet dans le passé de leurs fréquentes prières. De 1788 à 1793, Riedesel servit aux Pays-Bas avec les troupes du duché de Brunswick ; sa femme ne l’accompagna pas. En 1794, un an après s’être retiré à Lauterbach, Riedesel fut rappelé dans le duché de Brunswick et il prit le commandement de la ville de Brunswick (République fédérale d’Allemagne), où il servit pendant cinq ans. Il y mourut le 6 janvier 1800.
Son mari l’y ayant encouragée, Friederike Charlotte von Riedesel publia son journal et ses lettres qui avaient trait à l’expédition américaine, peu après la mort de celui-ci. Rédigé dans un style clair et sans prétention, le journal montre en son auteure une épouse et une mère dévouée, pleine de ressources et courageuse sous le feu de l’ennemi, de même qu’une amie compatissante et généreuse envers ceux qui partagèrent ses épreuves. Elle était également sociable et charmante, et jouissait de l’estime non seulement des membres de l’élite, comme Jefferson et Haldimand, mais aussi des soldats de Riedesel, qui la disaient, à ce qu’on rapporte, « la femme la plus aimée de l’armée ».

http://www.biographi.ca/fr/ShowBio.asp?BioId=36656&query=massow
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Sandra
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Sat Jun 17, 2006 10:20 pm

En voilà une bonne idée ! ;)

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Le Ricain
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Mon Jun 19, 2006 4:06 pm

Of course, one should not forget Mary Hays McCauly, better known as Molly Pitcher, who has remained a famous person from the AWI.


http://sill-www.army.mil/pao/pamolly.htm
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'Nous voilà, Lafayette'

Colonel C.E. Stanton, aide to A.E.F. commander John 'Black Jack' Pershing, upon the landing of the first US troops in France 1917

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col.kurtz
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Mon Dec 18, 2006 2:55 pm


Moustic a écrit :

Environ 2 000 femmes accompagnèrent les troupes de Burgoyne à un moment ou l’autre.


Que des femmes accompagnent les armées n’avait rien de nouveau, et cela s’est poursuivit durant les guerres napoléoniennes, à terre, ou même pour les anglais en pleine mer, plusieurs femmes ayant d’ailleurs participées à la bataille de Trafalgar, dont trois à bord du HMS Victory de Nelson. Mais bon là c'est une autre histoire.

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moustic
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Tue Dec 19, 2006 1:18 pm

col.kurtz wrote:Que des femmes accompagnent les armées n’avait rien de nouveau, et cela s’est poursuivit durant les guerres napoléoniennes, à terre, ou même pour les anglais en pleine mer, plusieurs femmes ayant d’ailleurs participées à la bataille de Trafalgar, dont trois à bord du HMS Victory de Nelson. Mais bon là c'est une autre histoire.


Dans la version 1.2 du fichier, http://www.birth-of-america.com/french/Bio-Boa.htm, j'ai déjà quelques jolies dames...
- Charlotte von Massow, l'épouse du Baron Friedrich Adolph Riedesel
- Molly Pitcher & Déborah Sampson, les fameuses Patriotes

Si tu desires ajouter des noms et des fiches, je suis preneur... pour cette autre histoire !
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col.kurtz
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Wed Dec 20, 2006 2:53 pm

De nombreuses femmes ont volontairement servies comme courriers, espionnes et bien sûr infirmières pour les rebelles, mais certaines comme Margaret Corbin n’ont pas hésitées à faire le coup de feu. Elle était ce que les anglo-saxons appelaient « a camp follower » et que nous appelons une cantinière. Elle fut blessée (et son mari tué) en défendant Fort Washington (New York) contre les hessois en novembre 1776.

Il y eu également Rachel et Grace Martin qui déguisées en hommes la nuit interceptaient les messagers britanniques à la pointe du pistolet.

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moustic
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Wed Dec 20, 2006 8:34 pm

col.kurtz wrote:Il y eu également Rachel et Grace Martin qui déguisées en hommes la nuit interceptaient les messagers britanniques à la pointe du pistolet.


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http://score.rims.k12.ca.us/score_lessons/women_american_revolution/martin.html
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Sandra
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Wed Dec 20, 2006 10:40 pm

Intéressant ! :cwboy:

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moustic
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Laura Secord

Thu Feb 01, 2007 4:48 pm

INGERSOLL, LAURA (Secord), né le 13 septembre 1775 à Great Barrington, Massachusetts, fille aînée de Thomas Ingersoll et d’ Elizabeth Dewey, décédée à Chippawa (Niagara Falls, Ontario), le 17 octobre 1868.

À l’âge de huit ans, Laura Ingersoll perdit sa mère qui laissait quatre filles en bas âge. Son père se remaria deux fois et eut de nombreux enfants de sa troisième épouse. Au cours de la guerre d’Indépendance, Thomas Ingersoll combattit du côté des rebelles, mais il émigra en 1795 dans le Haut-Canada, où il avait obtenu une concession dans le canton d’Oxford-upon-the-Thames. Sa ferme était située sur l’emplacement actuel de la ville d’Ingersoll. Il tint une taverne à Queenston, en attendant l’arpentage du canton. Deux années ne s’étaient pas écoulées que Laura épousait, aux environs de 1797, James Secord, un jeune marchand de Queenston. Ce dernier était le benjamin des fils d’un officier loyaliste dans les rangers de Butler, arrivé à Niagara avec sa famille en 1778. James et Laura allaient avoir six filles et un fils.

Ils vécurent d’abord à St Davids et s’établirent ensuite à Queenston. Au début de la guerre de 1812, James, sergent dans le 1er régiment de la milice de Lincoln, fut blessé au cours de la bataille de Queenston Heights et secouru sur le champ de bataille par sa femme. L’été suivant, alors qu’aucun des deux adversaires ne possédait le contrôle de la péninsule du Niagara, Laura, le 21 juin 1813, apprit, probablement en écoutant la conversation de quelques officiers américains qui dînaient chez elle, que les Américains avaient l’intention de prendre par surprise l’avant-poste anglais de Beaver Dams et d’y capturer l’officier en charge, le lieutenant James FitzGibbon. Il était impérieux d’avertir l’officier anglais et, vu l’incapacité de James, son épouse, Laura, résolut d’aller porter elle-même le message, tôt le lendemain matin.

L’avant-poste se trouvait à une distance de 12 milles en ligne directe, mais comme Laura craignait de rencontrer des soldats américains, elle choisit de faire un détour. Elle se rendit d’abord à St Davids où sa nièce, Elizabeth Secord, la rejoignit, puis à Shipman’s Corners (St Catharines). Elizabeth se fatigua rapidement et Laura dut continuer seule, incertaine du chemin, mais en suivant la direction du ruisseau Twelve Mile à travers champs et bois. Ce soir-là, après avoir traversé le ruisseau sur un tronc d’arbre, Laura arriva à un campement indien. Effrayée, elle expliqua sa mission au chef qui la conduisit à FitzGibbon. Deux jours plus tard, le 24 juin 1813, la troupe d’Américains, commandée par le colonel Charles Boerstler, tombait dans une embuscade dressée près de Beaver Dams par quelque 400 Indiens sous la conduite de Dominique Ducharme* et de William Johnson Kerr*. FitzGibbon persuada alors Boerstler de se rendre avec ses 462 hommes, alors que lui n’en avait que 50. Dans les rapports officiels, aucune mention n’est faite de Laura Secord.

Les Secord vécurent dans la pauvreté durant les années d’après-guerre, jusqu’en 1828, alors que James, qui bénéficiait d’une petite pension à cause de ses blessures de guerre, fut d’abord nommé greffier, puis juge (en 1833) du tribunal des successions et tutelles de Niagara. En 1835, il devint percepteur de douanes à Chippawa. Il mourut en 1841, laissant Laura sans aide financière. Elle tint quelque temps une école pour enfants dans sa petite maison de Chippawa. Les pétitions qu’elle adressa au gouvernement en vue d’obtenir une pension ou autre faveur restèrent sans réponse.

Laura Secord dut atteindre l’âge de 85 ans avant que le public reconnaisse son geste héroïque. Durant sa visite au Canada en 1860, le prince de Galles (le futur Édouard VII) fut mis au courant de la marche de 20 milles de Laura. Elle avait préparé pour lui un mémoire décrivant ses services durant la guerre ; elle avait aussi apposé sa signature à l’adresse que les vétérans de la guerre de 1812 présentèrent au prince. Après son retour en Angleterre, Édouard envoya à Laura Secord une récompense de £100. Elle mourut en 1868, à l’âge de 93 ans, et fut ensevelie à côté de son mari dans le cimetière Drummond Hill, à Niagara Falls.

C’est à partir de 1860 que Laura Secord devint célèbre, dans l’histoire, la poésie et le théâtre. Les légendes se multiplièrent ; la plus populaire fut celle qui racontait qu’elle avait emmené une vache au cours de sa marche, afin de tromper l’ennemi, et qu’elle l’avait traite en présence des sentinelles américaines avant de l’abandonner dans les bois et de continuer sa route. En réalité, Laura ne fit jamais mention d’une vache et il est peu probable qu’elle ait rencontré une sentinelle américaine. William F. Coffin* inventa apparemment l’épisode pour son livre intitulé 1812, the war and its moral (1864). D’après une autre histoire, Laura aurait marché pieds nus à travers les bois toute la nuit. Pourtant, elle-même mentionne qu’elle était « partie de bonne heure le matin », et, quoiqu’elle ait pu perdre une chaussure dans les bois ou les champs, elle était beaucoup trop sensée pour être partie nu-pieds. Sa renommée s’étendit à tel point qu’on érigea deux monuments en son honneur, l’un à Lundy’s Lane en 1901 et l’autre à Queenston Heights en 1910. On suspendit son portrait dans le parlement de Toronto et on établit un hall commémoratif à la Laura Secord School à Queenston.

Quelques historiens du xxe siècle ont cependant mis en doute son rôle dans l’histoire. Par exemple, W. Stewart Wallace* dans The story of Laura Secord : a study in historical evidence (1932) conclut à partir des documents disponibles que Laura Secord avait porté de toute évidence un message à FitzGibbon, probablement le 23 juin, mais qu’elle était arrivée trop tard pour que ses renseignements aient quelque valeur. Comme le mentionnait le lieutenant FitzGibbon dans son compte rendu de la bataille de Beaver Dams : « Chez [John] De Cou, vers sept heures ce matin, j’ai appris que [...] l’ennemi [...] avançait vers moi. » On prétendit que cette nouvelle, apportée par des éclaireurs indiens, fut le premier avertissement reçu par FitzGibbon. Wallace cita aussi une attestation écrite par FitzGibbon en 1837, témoignant que Laura Secord l’avait prévenu que les Américains projetaient une attaque ; malheureusement FitzGibbon ne mentionnait aucune date précise et avait écrit « de mémoire et dans un moment de grande hâte ».

L’énigme de la chronologie et du rôle joué par Laura dans les événements fut résolue par la découverte de deux témoignages antérieurs, écrits tous les deux par FitzGibbon en 1820 et 1827 dans le but d’appuyer les pétitions que les Secord avaient adressées au gouvernement. Dans l’attestation de 1827, FitzGibbon mentionnait que Laura Secord s’était présentée à lui « le 22e jour de juin 1813 », et, qu’ « à la suite de cet avertissement », il avait placé les Indiens dans une position où ils pouvaient intercepter les Américains. Il prouvait ainsi que l’avertissement de Laura avait vraiment rendu possible la victoire de Beaver Dams. Ce fut une victoire importante, et, pour le rôle qu’elle y joua, Laura Secord fut reconnue à juste titre comme l’héroïne de la guerre de 1812.

Laura Secord illustre bien le type de la femme-pionnier par son courage, sa résistance et sa persévérance dans l’adversité. FitzGibbon garda d’elle le souvenir d’une femme à la « silhouette mince et d’une apparence délicate » mais, en fait, elle possédait une volonté à toute épreuve.
http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=38629&query=secord
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moustic
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Wed Nov 19, 2008 4:12 pm

Une petite video de Laura Secord sur l'excellent site canadien
http://www.histori.ca/minutes/minute.do?id=10301
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